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aaa-FAKE BOOK ou le vrai faux journal d'un cyclotouriste sous les tropiques

 

POURQUOI "FAKE BOOK" ?

FACE A FAKE

" Fake book" pourrait se traduire par "faux livre (de bord)" car si je vais bien mentionner quelques évènements survenus le jour en question, ce journal servira aussi et surtout à exprimer des idées qui me viennent en roulant, et non pas en me rasant comme chez certains.

Idées ou impressions, "Impressions Soleil Levant" bien entendu car je roule principalement le matin pour éviter la chaleur hivernale de l'après-midi.

 

POURQUOI 2557 ?

EN AVANCE SUR SON TEMPS

Dans le calendrier bouddhiste nous sommes en 2557 après Bouddha et c'est ce calendrier qui vaut en Thailande. Le calendrier chrétien n'est utilisé par les Thailandais que dans leurs relations avec l'étranger ou avec les étrangers.

Traditionnellement l'année bouddhiste commençait avec le retour de la saison des pluies en avril mais elle s'est alignée sur l'année chrétienne. Mondialisation oblige.

 

2 DECEMBRE 2557   0 KM

FORMULES 2

Après un passage obligé par Bangkok je retrouve la charmante ville de Phayao à 800 km plus au nord , charmante ville de par son environnement plus qu'en elle-même car comme partout en Asie du sud-est, on ne s'y préoccupe guère de la préservation du patrimoine.

Je retrouve également mes habitudes linguistiques, limitées, dans la langue locale. Je connais au moins les formules de politesse, "bonjour", "merci", etc. Une particularité du thaï est que la formule dépend du locuteur et non de la personne à qui elle s'adresse. Ainsi en tant que locuteur masculin je dis "sawadee krap" (สวัดดีครับ) pour "bonjour" et "kap poun kap" (ขอบคุณครับ) pour "merci" alors qu'une femme dira respectivement "sawadee ka" (สวัดดีค่ะ) et "kap poun ka" (ขอบคุณค้า). On voit immédiatement que สวัดดีครับ est différent de สวัดดีค่ะ tout comme  ขอบคุณครับ l'est de ขอบคุณค้า.

 

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3 DECEMBRE 2557   0 KM

RANDONNEUSE SUR MESURE OU PRESQUE

D'abord il convient d'acheter un vélo. Celui que j'avais l'année dernière ne convenait guère à la randonnée car il avait des pneus trop fins qui supportaient mal la piste et après 5.000 km il commençait à donner des signes de fatigue. Faut dire que ce n'était pas un vélo haut de gamme.

Je fais donc le tour des magasins de cycles de Phayao. J'ai dans l'idée de prendre un VTT, d'y faire mettre un guidon de course et des porte-bagages pour en faire une randonneuse. Mais je ne trouve pas de VTT à ma convenance. Il semble que maintenant ils aient tous une fourche télescopique ce qui n'est pas pratique pour mettre un porte-bagages avant et de toute façon c'est lourd.

En désespoir de cause je pense me rendre à Chiang Rai à 100 km plus au nord, pour trouver exactement ce que je recherche quand je passe devant l'atelier d'un mécanicien qui retape un vélo. Comme il n'en est qu'au début je peux lui demander les équipements que je souhaite et c'est ainsi que je me fais faire une bicyclette, pas tout à fait sur mesure car je n'ai pas pu choisir la taille du cadre, en 48 h pour 200 euros. 

 

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4 DECEMBRE 2557  50 KM

PLAT DU JOUR

Je pourrais décrire par le menu ma journée de vélo.

Ce matin je suis parti dès le lever du jour un peu avant 7h. Je roule à bonne allure malgré mon manque d'entrainement. Le soleil peine à percer la brume. Il faut attendre 9h pour apercevoir les premiers rayons qui réchauffent vite l'atmosphère au point que je dois enlever ma petite laine. J'en profite pour casser une croûte car mon petit déjeuner est déjà loin et le moteur ne tourne pas sans carburant.

Je visite une nouvelle fois le temple chinois d'Analayo, désert à cette heure matinale et je rentre à Phayao par le village de Ban Tom et la route 1001, profitant d'une bonne brise venue du nord...

Tous les jours ou presque on retrouverait le même descriptif qui n'intéresse personne, même pas moi. C'est pourquoi je ne décrirai pas par le menu, ni même par le plat du jour, mes journées de vélo.

 

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5 DECEMBRE 2557  60 KM

ABRIBUS DECO

J'aime m'arrêter dans les abribus pour casser ma petite croûte du matin ou de l'après-midi. Il y a des bancs pour se reposer et surtout de l'ombre qui est une matière précieuse sous les tropiques. Quand en plus ils sont situés dans un beau décors c'est le rêve !

 

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6 DECEMBRE 2557  70 KM

UN AIR DE REPOS

Souvent le soir je vais faire mon petit tour sur le lac quand ce n'est un tour complet, et je m'arrête sur l'aire de repos cycliste qui prend un air de fête vers les 5h du soir. Certains ne daignent pas faire une pause. Ils ont tord car c'est un lieu convivial où l'on peut discuter entre cyclos.  Et puis il y a des appareils de musculation qui ne sont pas de tout repos et des bancs qui eux le sont. Chacun y trouve son compte, surtout moi, car cet endroit me permet de nouer des contacts avec les cyclistes thailandais qui globalement ne sont pas faciles à aborder. Ils sont d'un naturel accueillant mais assez réservés et redoutent  de ne pouvoir communiquer avec les étrangers. Mais si on ne parle pas la même langue, entre cyclistes on se comprend d'autant plus que nous nous fabriquons notre propre jargon à base d'anglais et de thailandais.

 

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7 DECEMBRE 2557  80 KM

ARCHITECTURE LANNA

 Lanna est le nom de l'ancien royaume qui comprenait le nord de la Thaïlande et les provinces limitrophes de Birmanie et du Laos. Le terme "Lanna" est aujourd'hui associé à la culture spécifique du nord de la Thaïlande qui comprend entre autre l'architecture.

D'une façon générale l'architecture traditionnelle thailandaise a beaucoup souffert de l'arrivée des techniques de construction modernes mais dans le nord il se construit encore des maisons Lanna tout en bois sur des pilotis constitués de troncs d'arbre. Certes ces maisons sont minoritaires mais c'est rassurant de constater que le béton n'a pas tout envahi.

 

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8 DECEMBRE 2557  70 KM

QUEL FLEAU CE BATTEUR !

C'est la fin de récolte du riz d'été, celui qui pousse sans irrigation profitant des pluies de la mousson. Des moissonneuses batteuses ont fait leur apparition ces dernières années dans le nord de la Thaïlande mais il reste encore des petits paysans qui battent le riz au fléau. En apercevant un groupe de batteurs non loin de la piste que je suis aujourd'hui, je ne peux pas m'empêcher d'aller les prendre en photo et d'échanger quelques mots avec eux. Comme je m'y attendais ils me proposent de faire un essai. Mon inexpérience les fait bien rigoler mais je réussis tout de même à extraire les grains de la gerbe. A défaut d'avoir beaucoup contribué au développement de l'agriculture, ce moment a été très convivial.

 

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9 DECEMBRE 2557  60 KM

ANALPHABETE OU ILLETRE ?

Je mets le cap plein nord vers พาน. J'en avais marre d'être analphabète alors je me suis mis à essayer de déchiffrer les règles de l'écriture thaie. Oh je ne vais pas vite avec ma méthode ! Ce n'est pas la méthode à six mille, c'est plûtot celle à soixante tours de pédale par minute.

Sur les grandes routes les pancartes sont bilingues. Il serait plus exact de dire que les noms de lieu sont transcrits dans notre alphabet de manière plus ou moins phonétique car malheureusement il n'y a pas de correspondance directe entre nos lettres et les leurs. L'alphabet thai comporte environ le double de signes du nôtre ce qui lui permet d'exprimer des nuances qui nous échappent.

Toujours est-il que je compare les transcriptions aux noms thais et j'arrive petit à petit à déterminer la valeur de certaines lettres.

Ainsi พ se prononce "pa" et est généralement transcrit en "pha", le "h" signifiant que le "p" est explosif.

า se prononce "a" mais le son "a" peut se dire et donc s'écrire de différentes manières.

 น équivaut à  notre "n" non nasalisé. 

Comte tenu de tout cela พาน  devrait être transcrit en "Phaan" mais c'est "Phan" qui a été retenu. Heureusement que les gens du coin, qui prononcent "pa a n" sont là pour me guider dans mon laborieux apprentissage.

Grâce à ma méthode à 6000, j'arrive à déchiffrer des noms de lieux simples comme Phan ou Nan. Je ne suis plus analphabète, seulement illettré

 

 

10 DECEMBRE 2557  90 KM

CHASSE AUX BUFFLES

Après la pause de la mi-journée, je fais le tour du lac une fois de plus. Je ne m'en lasse pas. J'espère apercevoir le troupeau de buffles qui trouve sa vie dans les marécages du village de Mae Tam. Je vois bien des traces mais de buffles, point. Je demande à un pêcheur qui m'indique que le troupeau pâture maintenant de l'autre coté du village. Comme il commence à se faire tard et que la nuit tombe vite sous les tropiques, je décide de reporter au lendemain la remise du petit cadeau que j'ai prévu pour le gardien de buffles.

 

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11 DECEMBRE 2557   80 KM

LE BONHEUR EST DANS LA RIZIERE

Je retrouve mon gardien de buffles du bout du lac dans une rizière à l'écart du village que m'a indiqué mon informateur. Il ne semble pas surpris de me revoir, par contre surpris il l'est quand je lui tends la photo que j'ai prise de lui il y a 2 ans.

Il appelle ses collègues pour leur montrer et leur commenter la photo et la range soigneusement dans sa musette. Le bonheur est dans le pré peut-être, dans la rizière avec les buffles sûrement.

 

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12 DECEMBRE 2557   90 KM

C'EST UN TROU DE VERDURE Où CHANTE UNE RIZIERE

Depuis le sommet des collines d'Analayo, célèbres pour leurs temples, on peut entrevoir une vallée coincée entre les dites collines et le majestueux massif de Doï Luang. Je me dis depuis longtemps qu'il faudra que j'aille la visiter un jour et ce jour c'est aujourd'hui.

Je peine un peu à trouver l'entrée car il n'y a pas de route à proprement parler mais des pistes. Il faut trouver la bonne ce que je finis en faire en longeant la rivière, tout simplement, et en haut de la vallée un lac de barrage comme il se doit. Toutes les rivières qui descendent du Doï Luang sont barrées au pied de la montagne pour irriguer les rizières en aval et celles que j'ai sous les yeux constituent un décors de carte postale. Tout y est. Le riz encore en cours de récolte, les buffles, les bambous et le silence qui déchire les tympans. 

C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Comme l'écrivait Arthur Rimbaud en 2413 (1870)

 

 

 

13 DECEMBRE 2557   75 KM

BOUCHONS DE VELOS EN VUE

Le risque d'addiction me guette. Aujourd'hui j'ai fait le tour du lac 2 fois, une fois au lever du jour, une fois au coucher.

Le matin de bonne heure, c'est calme. Tout juste croise-t-on quelques pêcheurs qui vont relever leurs casiers.

En fin d'après midi c'est plus animé. De nombreux cyclistes font leur tour quotidien, des jeunes, des vieux, hommes en majorité mais aussi des femmes et ceci de plus en plus.

J'ai découvert l'endroit il y a 7 ans. A l'époque j'étais le seul cycliste. D'ailleurs le circuit n'était pas entièrement goudronné et la mode du VTT n'avait pas encore atteint la Thailande. D'année en année le nombre de cyclistes a augmenté avec une forte progression ces 2 ou 3 dernières années. On appelle cela une croissance exponentielle. Un signe qui ne trompe pas : dans le courant de l'année 2557, 3 nouveaux magasins de cycles sont apparus à Phayao. Il y en a maintenant une bonne dizaine pour une ville qui compte moins de 30.000 habitants.

Au rythme où vont les choses il y aura bientôt autant de vélos à Phayao que de petites motos japonaises ! Même si c'est pas sûr, c'est quand même peut-être.

 

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14 DECEMBRE 2557   65 KM

DES SI BELLES BARQUES !

Le lac de Phayao, et aussi dans une moindre mesure les lacs de barrage aux alentours, font vivre de nombreux pêcheurs qui vendent leur poisson sur les marchés de la région. Par chance, toutes les barques de pêcheur sont à rames, ce qui fait des décibels et de la pollution en moins.

 

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15 DECEMBRE 2557   85 KM

CYCLO MERCEDES

Aujourd'hui je teste le cyclo-bus. L'idée est de mettre le vélo dans  un autocar local pour sortir de la région de Phayao et ainsi passer plus de temps dans un nouveau secteur à découvrir.

L'autocar, un Mercédès hors d'âge met plus de 2 heures et demie pour effectuer les 90 km qui nous séparent de Chiang Rai mais qu'importe, ce n'est pas du temps de perdu. C'est rien que du plaisir que de voyager dans ces conditions une fois de temps en temps car question confort...mais le rapport qualité prix est bon. Un peu plus d'un euro, vélo compris, pour un trajet d'une petite centaine de km.

 

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16 DECEMBRE 2557   110 KM

MAJESTUEUX MEKONG

2 évènements aujourd'hui.

J'ai longé le Mékong pour la première fois cette saison en l'abordant exactement à la pointe du Triangle d'Or. Rares sont les années dans la dernière décennie où je n'ai pas aperçu le grand fleuve de l'Asie au moins une fois et cela me provoque toujours le même choc. Mékong quand tu nous tiens...

J'ai passé le cap de mon premier millier de km au bord du Mékong quelque part entre Chiang Saen et Chiang Khong. 1.000 km en 15 jours, cela n'a rien d'un exploit mais un rien suffit à mon bonheur.

 

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 17 DECEMBRE 2557  105 KM

CONTROLE AU FACIES

Je termine mon petit voyage itinérant par un retour en car vers Phayao. Les passagers des bus qui vont vers le sud sont régulièrement controlés par la police qui leur demande leurs papiers pour s'assurer qu'il n'y a pas de clandestins birmans ou laotiens à bord cherchant à rejoindre Bangkok. Nous avons été contrôlés 2 fois en une heure. Quand je dis "nous" je devrais dire "ils" car les policiers ne m'ont jamais demandé mon passeport. Je bénéficie du contrôle au faciès en quelque sorte car je n'ai pas le look asiatique.

 

 18 DECEMBRE 2557   75 KM

LES MANGEOUS DE TERRE

 

Y'avait dans le temps un biau grand chemin

Chemineau chemine

A cet' heure l'est pas plus grand que ma main

Où donc que je cheminerai demain.

 

Le chemin c'était à leur juger

De la bonne terre perdue

A chaque labour ils l'ont mangée

D'un sillon de charrue...

 

Gaston COUTE

 

Le poète beauceron de la fin du 19e siècle pestait contre les paysans qui grignotaient le bord des chemins pour agrandir leurs champs.

Dans l'Asie du 21e siècle c'est plutôt le contraire. On remblaie les rizières pour élargir les routes qui, une fois élargies attirent des investisseurs qui remblaient

encore plus de rizières pour construire maisons et bâtiments industriels.

Quelle surface de rizières disparait ainsi chaque année ? Des centaines de milliers d'hectares assurément.

 

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19 DECEMBRE 2557   115 KM

TO GO OR NOT TO GO

"Where do you go ?" est une question que le cycliste étranger entend souvent en Thailande. Or chacun sait que l'anglais utilise le présent simple pour désigner une action habituelle (par exemple : where do you go to school ? Quelle école fréquentes-tu?). Dans le cas d'une action en cours de réalisation il réclame le présent progressif. En l'occurence le Thailandais qui voit passer un cycliste devrait lui demander : "where are you going (to) ". Mais le niveau général d'anglais en Thailande est faible, presque aussi mauvais qu'en France !

Je préfère qu'il me pose la question en langue thaie : " pa nai ? ". Je comprends malgré mon faible niveau en langue locale et au moins je suis sûr que la question est correctement posée. 

 

20 DECEMBRE 2557   105 KM

FARANG

Une autre remarque que le cycliste étranger entend en passant est "farang". Ce terme est la déformation de "français" et désigne un étranger blanc qu'il soit français ou non. Il y a peu de mots d'origine française en thaie. Les Thailandais ont surtout emprunté des mots anglais car la Thailande a été sous influence de la Bretagne dite grande, même si elle n'a jamais été vraiment colonisée et de nos jours, anciennes colonies britanniques ou pas, l'anglais s'insinue dans toutes les langues. Mais "farang" est un mot d'origine française que l'on retrouve dans d'autres langues de la région que le thai.

21 DECEMBRE 2557   95 KM

VELO TAXI

Dans certaines villes on voit des vélos taxi mais pas à Phayao si ce n'est dans le cadre d'une exposition de véhicules anciens.

 

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22 DECEMBRE 2557   85 KM

FROID POLAIRE

Nous sommes en pleine vague de froid. Les Thailandais sont frigorifiés et sortent vestes et bonnets. Il faut dire qu'il y a de quoi puisqu'il fait... 25 degrés le jour malgré un beau soleil et 13 la nuit. Heureusement que la météo prévoit un radoucissement avec 3 degrés de plus de jour comme de nuit.

 

23 DECEMBRE 2557   95 KM

FAUX COLS

Demain je pars pour la montagne. Les montagnes Thailandaises ne sont pas bien hautes mais elles sont très difficiles à traverser car les routes les escaladent de front ou presque. Le lacet est rare et les pentes s'en ressentent. Il n'est pas rare de rencontrer des sections à 25 % alors que dans les Alpes les 15 % sont exceptionnels. Dans ces conditions les descentes sont presque aussi pénibles que les montées car il faut freiner sans cesse.

Heureusement que pour partir, en direction de Chiang Mai, j'aurai droit à un col comme on en voit peu ici, une dizaine de kilomètres de montée régulière avec derrière une descente de même profil.

 

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24 DECEMBRE 2557   85 KM

CYCLO-CAMPING

C'est ma première journée de cyclo-camping en Asie. J'ai bien dormi une fois dans un temple faute d'avoir trouvé un hôtel mais ce n'était pas vraiment du camping puisque je n'avais pas de tente. Il n'y a pas de terrains de camping à proprement parler en Thailande mais dans certains parcs nationaux, ceux qui sont pourvus de blocs sanitaires, il est possible de camper gratuitement. Comme l'entrée des parcs est payante, j'ai payé un peu plus d'un euro ce qui fait une nuit de camping à pas cher.

A vol d'oiseau le parc n'est pas loin de Phayao, de l'autre côté de la montagne de Doi Luang qui domine le lac mais il faut compter une journée de vélo pour y arriver. Le coin est superbe mais les nuits sont fraiches, presque froides du fait de l'altitude et il faut avoir un bon duvet. Le mien est un peu léger, la prochaine fois je prendrai une couverture en plus.

 

 

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25 DECEMBRE 2557   95 KM

CADEAU DE NOEL

C'est aujourd'hui noël, enfin je suppose car en pays bouddhiste, on ne fête pas la naissance du prophète chrétien. On sait d'ailleurs que Jésus n'est pas né le 25 décembre mais c'est un autre problème. Je suppose également que l'on fête encore noël en Europe car cela fait 10 ans que je suis sous les tropiques à cette période. On a bien supprimé le lundi de pentecôte, alors pourquoi pas noël ? 

Je vais devoir revenir par la même route car d'après ma carte et google map que j'ai consulté avant de partir, il n'y a pas de possibilité de circuit pour rejoindre Phayao. Je décide quand même de remonter la vallée le plus loin possible. Quand le goudron s'arrête, je demande aux paysans du coin si la piste qui se présente devant moi traverse la montagne. Ils me répondent que oui mais me font comprendre par gestes que ça monte dur ce qui ne m'étonne guère.

Je suis content de découvrir cet itinéraire de retour, c'est mon cadeau de noël en quelque sorte, même s'il se révèle plus difficile que l'aller. C'est un cadeau empoisonné car je casse ma potence en pleine montagne. Encore heureux qu'elle ait cédé en haut de côte, sinon c'était la chute assurée.

Tandis que j'essaie de réparer, un Thailandais me propose de mettre le vélo dans son pick up, japonais comme il se doit, pour me descendre jusqu'au village.

Chez lui nous parvenons à bricoler une réparation de fortune qui devrait me permettre de rentrer tant bien que mal.

Je mets beaucoup de temps pour atteindre la plaine car non seulement je dois monter les nombreux raidillons restants à pied mais je dois faire de même à la descente car je n'ose pas dévaler des pentes à 25 %, voire davantage, avec une potence en morceaux.   

 

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 26 DECEMBRE 2557   60 KM

 ROULER OU REPARER, IL FAUT CHOISIR

Aujourd'hui je passe autant de temps chez mon mécano favori qu'à rouler, ce qui explique le faible kilométrage de la journée.

 

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27 DECEMBRE 2557   50 KM

TAMBOUR A POIGNEE

Même scénario qu'hier sauf qu'après une nouvelle potence je fais mettre un frein tambour sur mon vélo pour que je puisse m'arrêter en cas de besoin dans les descentes de montagne. Ce frein est commandé par une poignée qui vient s'ajouter aux 2 autres alors que je n'ai que 2 mains. Il va falloir que j'habitue ma main droite à travailler 2 fois plus lors des freinages.

 

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 28 DECEMBRE 2557   100 KM

LES 12 APOTRES BOUDDHISTES

Je me suis fait embarquer à l'insu de mon plein gré dans une randonnée avec des cyclotouristes thailandais. En fait c'est plutôt à l'issue de mon plein gré car je me suis approché d'un groupe qui visiblement s'apprêtait à partir. Le leader me demande où je vais et comme je n'ai pas de but précis il m'invite à me joindre au groupe. Il me précise que le but de la sortie est le village de Pong qui se situe à 80 km de Phayao. Je pense alors décliner l'invitation car je ne me vois pas faire 160 km dans la journée d'autant plus que la matinée est déjà bien avancée.

Puis arrivent 3 pick-up, japonais évidemment. Les 13 vélos, dont le mien, sont rapidement chargés. Je dois donc suivre le mouvement mais je n'ai toujours pas saisi s'il s'agit de faire un circuit autour de Pong ou de revenir à vélo à Phayao. Le niveau d'anglais de mes nouveaux amis étant aussi bas que le mien en thailandais je ne comprends pas grand chose au film. 

Après une heure de route, les vélos sont déchargés près d'un temple. Je réalise alors que le but de la sortie est en fait une bénédiction bouddhiste.

Je participe à la cérémonie avec les autres, laissant de côté mon aversion pour les religions, encore que pour certains le Bouddhisme ne soit pas une religion mais une philosophie. Ca se discute.

Avec tout ça je me mets en route avec mes 12 apôtres bouddhistes seulement vers 14 h, c'est à dire au moment où je termine généralement mes randonnées pour éviter le plus gros de la chaleur. Malgré notre départ tardif nous parvenons à rentrer à Phayao avant la nuit, sans doute la bénédiction a-t-elle eu un effet dopant sur les cyclistes, fussent-ils non bouddhistes. 

 

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  29 DECEMBRE 2557   55 KM

QUERELLES D'ARGENT

Plusieurs fois par semaine je vais voir mon mécano car il y a toujours des réglages à faire ou des pièces à changer sur le vélo qu'il m'a monté. A chaque fois je demande ce que je lui dois. Quand j'estime que la somme qu'il réclame est correcte je lui la donne mais le plus souvent il exagère, alors je conteste le montant de la note.

Il demande si peu par rapport au temps qu'il a passé que je lui donne plus.

 

30 DECEMBRE 2557   75 KM

AU LAC !

Je découvre mon énième lac au pied de la montagne. Je n'ai guère de mérite puisque qu'il suffit de remonter les rivières pour tomber presque immanquablement sur un barrage encore que parfois il se cache et je dois m'y reprendre en plusieurs fois pour le trouver. 

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 31 DECEMBRE 2557   70 KM

BONNES RESOLUTIONS

En ce mois de décembre 2557 j'ai parcouru 2350 km à bicyclette soit 250 km de plus que l'année dernière. Comme d'habitude je n'ai pas réussi à tenir mon objectif qui était de 2000 km. Puisqu'il parait que c'est le moment de prendre de bonnes résolutions, je fais le voeu de ne pas dépasser les 2000 km le mois prochain.

 

1 JANVIER 2558  100 KM

CALENDRIER KODAK

Quelle drôle d'idée de faire commencer l'année le 1er janvier, c'est à dire 10 jours après le solstice d'hiver ! Il aurait été plus malin de faire coincider le nouvel an avec le début de l'hiver dans l'hémisphère nord qui se trouve être le début de l'été dans l'hémisphère sud. On pourrait d'ailleurs encore le faire. Il suffirait que tout le monde se mette d'accord pour avancer le 1er janvier de 10 jours.

Pendant qu'on y est, on pourrait aussi reprendre l'idée de George Eastman, le fondateur de Kodak, qui avait institué dans son entreprise un calendrier de 13 mois de 28 jours ce qui fait 364 jours, avec un jour hors mois les années ordinaires et deux les années bissextiles, journées placées en fin d'année et fériées évidemment. L'avantage de ce calendrier, outre que tous les mois comportent le même nombre de jours, est que chaque jour de la semaine tombe aux mêmes dates, 1, 8,15, 22 pour le lundi, 2, 9, 16, 23 pour le mardi etc.

Evidemment, avec le calendrier Kodak, je ne pourrais pas faire autant de km par mois, sauf au mois de février, mais j'aurais un mois en plus pour rouler.

Quant à l'année 0, peu importe qu'elle soit celle de la naissance d'un prophète ou d'un autre. Pour mettre tout le monde d'accord on pourrait la tirer au sort. On le fait bien pour le loto alors pourquoi pas pour le calendrier.

 

2 JANVIER 2558  105 KM

2558 APRES BOUDDHA

Ce week-end a lieu la fête des artisans vanniers du lac. L'affiche qui annonce l'évènement est belle et elle confirme que les Thailandais utilisent le calendrier local pour tout ce qui a trait aux affaires intérieures. Ils n'utilisent le calendrier chrétien que pour leurs relations avec l'étranger ou avec des étrangers.

 

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3 JANVIER 2558  95 KM

NOCTUNE

Ce soir je profite de la pleine lune pour faire le tour du lac en noctune. Evidemment la nuit on ne voit pas grand chose, même un soir de pleine lune mais on perçoit mieux les bruits. En l'occurence j'entends surtout la sono d'un spectacle de danse Lanna qui est donné sur la rive la plus sauvage, en temps normal, du lac. Il n'empêche que la randonnée noctune a aussi son charme à condition qu'elle ne dure pas trop longtemps car la nuit les kilomètres paraissent longs. 

 

4 JANVIER 2558  70 KM

 DE GENEVE A PHAYAO

Le dimanche, on voit davantage de cyclistes thailandais. Je rejoins un groupe qui fait le tour du lac et surprise j'en entends certains parler en francais. En fait il s'agit d'un groupe suisso-thaie qui visite les temples autour du lac. C'est vrai que les Genevois, ceux-ci en l'occurrence habitent à Chiang Rai, sont attirés par les lacs.

Pour une fois je ne suis pas le seul farang. Ce mot thai, même s'il provient de la déformation de "français", désigne en fait tous les étrangers à la peau blanche et question blanchiment, c'est bien connu, la Suisse est experte. 

 

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5 JANVIER 2558  60 KM

ô LAC !

ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière...

écrivait Lamartine en 2460 (1817). Effectivement l'année à peine a fini sa carrière puisque nous sommes passés en 2558 il y a moins d'une semaine.

Les vers suivants, quelques strophes plus bas, conviennent aussi pour le lac de Phayao même si le poète pensait au Lac du Bourget :

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !

Suspendez votre cours

Laissez-nous savourer les rapides délices

Des plus beaux de nos jours !

 

Sur la rive ouest du lac de Phayao j'ai toujours l'impression que le temps suspend son vol...

 

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6 JANVIER 2558  0 KM

VISA

Je dois aller à Bangkok pour faire ma demande de visa pour la Birmanie. Il faut compter 2 semaines de vélo pour faire l'aller et retour donc j'ai préféré m'y rendre en autocar. 

Il y a 7 ans, lors de ma précédente visite à l'ambassade de Birmanie, nous n'étions que quelques touristes à déposer notre demande de visa et l'opération ne prenait que quelques minutes. Maintenant il y a foule et il faut faire la queue pendant 2 heures pour accéder au guichet car le personnel est toujours aussi peu nombreux. La Birmanie attire de plus en plus de monde, reste à savoir si cette progression du tourisme se traduit également par une avancée de la démocratie.

7 JANVIER 2558  0 KM

LA RIVIERE KWAI

Il faut attendre 3 jours pour avoir le visa pour la Birmanie et plutôt que de rester dans la mégapole polluée qu'est Bangkok, je préfère me rendre à 150 km à l'ouest, dans la ville de Kanchanaburi célèbre pour son pont qui, en lui-même n'a rien d'extraordinaire mais qui est chargé d'histoire autant que de touristes.

 

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8 JANVIER 2558  0 KM

THE DEATH RAILWAY

Si on peut aller à Kanchanaburi sans voir le pont de la rivière Kwaï (qu'il faudrait écrire" Kwae" et prononcer "coué", comme la méthode, pour se conformer à l'usage local), il serait dommage de ne pas visiter le musée consacré à sa construction et à celle de la ligne de chemin de fer qui a coûté la vie à tant de civils et de militaires durant la seconde guerre mondiale. 

 

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9 JANVIER 2558  15 KM

 IL PLEUT COMME BUFFLE QUI PISSE

Aujourd'hui il pleut comme buffle qui pisse. C'est rare qu'il pleuve dans le nord de la Thailande en hiver mais ça peut arriver, la preuve. Je me contente d'aller faire des courses à Phayao. En chemin je croise mon gardien de buffles préféré qui mène son troupeau paître comme à l'acoutumée.

"c'est du beau temps pour les buffles" lui dis-je dans mon thailandais rudimentaire

"C'est du beau temps pour moi aussi" me répond-t-il, c'est du moins ce que je crois comprendre.

Mon incompétence linguistique nous empêche de continuer la conversation. De toute façon le temps ne se prête guère à la causette.

 

10 JANVIER 2558  65 KM

POUR CHARLIE

Il pleut

Sur le jardin, sur le rivage

Et si j'ai de l'eau dans les yeux

C'est qu'il me pleut

Sur le visage.

Cet extrait d'une chanson d'Anne Vanderlove me vient aux lèvres tandis que je fais le tour du lac, sous la pluie.

Cet énième tour, mais le premier sous la pluie, est ma façon de rendre hommage aux journalistes de Charlie Hebdo, notamment Bernard Maris dont je suivais les chroniques économiques sur France Inter et Cabu dont je découvris les dessins dans la Gueule Ouverte il y a bien longtemps . C'est une goutte d'eau dans le lac mais ce sont les petites gouttes d'eau qui font les grandes rivières et de grandes rivières il en faut beaucoup pour noyer la barbarie.

 

11 JANVIER 2558  105 KM

 CHASSE A LA JACINTHE

"La croissance de cette plante est une des plus rapides, voire la plus rapide, du règne végétal : les jacinthes d'eau peuvent pousser de 2 à 5 mètres par jour dans certains sites d'Asie du sud-est" nous apprend Wikipédia.

Bien que situé en Asie du sud-est, le lac de Phayao ne voit pas ses jacinthes pousser aussi vite mais il faut tout de même faire appel à des engins pour limiter sa progression qui finirait par mettre à mal la biodiversité.

 

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12 JANVIER 2558  95 KM

DE JACINTHE EN SACOCHE

Je vais chercher la nouvelle sacoche de guidon sur mesure que j'ai commandée aux artisans vanniers qui transforment l'envahissante jacinthe d'eau en paniers. Bien sûr ils ne parviennent pas à éradiquer cette "mauvaise herbe" dont la prolifération semble due à une utilisation excessive d'engrais dans les rizières en amont du lac mais le peu qu'ils transforment est autant de moins à coloniser la flore lacuste. Qui plus est, ces paniers sont jolis et ils donnent du travail à une bonne partie des habitants d'un village de la rive ouest.

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13 JANVIER 2558  110 KM

 EFFRAYE PAR LA FOULE

Visite au Temple Blanc près de Chiang Rai. C'est la foule. Je reviendrai un autre jour plus tôt le matin. Ce sera plus calme.

L'intérêt des temples à mes yeux est surtout lié à leur emplacement. Ici comme ailleurs, la religion dominante utilise souvent à son profit les curiosités géographiques comme les pitons rocheux, sommets de colline, grottes... Or le Temple Blanc est situé en bordure de la nationale 1 dans un lieu dénué d'intérêt. J'espère au moins que la visite de l'édifice mérite le déplacement. 

 

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 14 JANVIER 2558  75 KM

PISTES DESERTIQUES 

Je passe presque autant de temps sur les pistes et chemins de terre autour de Phayao que sur les routes goudronnées. Sur ces dernières je croise de nombreux cyclistes thailandais mais je ne les vois jamais faire du tout terrain alors qu'ils ont presque tous des vélos exprès pour cela. Les VTT sont performants sur les pistes, beaucoup moins sur le bitume. Il y a sans doute un effet de mode qui pousse tout le monde à acheter le même type de vélo même s'il n'est pas adapté à son activité. Les vététistes thailandais ne savent pas ce qu'ils perdent à rester sur le goudron.

 

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 15 JANVIER 2558  105 KM

DES MARCHéS SUPERS

A Phayao comme dans chaque bourg de quelque importance, il y a au moins 2 marchés par jour, celui du matin et celui du soir.

J'aime aller à celui de Mae Tam au sud de la ville le matin ou à celui de Rong Ha au nord le soir. Le marché du centre ville, quant à lui, dure toute la journée ce qui fait qu'ici comme ailleurs en Asie il est facile de s'aprovionner sur les marchés.

Cette abondance explique qu'il y ait si peu de grandes surfaces. A Phayao, agglomération de 30.000 habitants, il n'y a qu'un hypermarché. Pourvu que ça dure car l'atmosphère des marchés est plus super que celle des supermarchés.

 

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 16 JANVIER 2558  95 KM

BAN RONG HAI

J'aime le village de Rong Hai au sud-ouest du lac. Certains villageois sont aussi forgerons qui fabriquent des outils, serpes et faucilles essentiellement. Les autorités locales savent que je suis souvent à Rong Hai, d'ailleurs elles ont érigé un panneau pour me dire que je suis ici à défaut d'être d'ici.

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17JANVIER 2558  55 KM

LA NATIONALE 1

La nationale 1, qui longe la rive est du Lac, est à la fois une 4 voies et une voie rapide pour le cycliste car elle est plate, tout au moins à hauteur de Phayao.

En France les 4 voies sont interdites aux vélos mais pas en Thaïlande. Elles ont même une bande cyclable dans chaque sens théoriquement réservée aux 2 roues. Ainsi le cycliste est-il relativement en sécurité dans la mesure où il peut rouler à l'écart des voitures. Le problème vient plutôt des motos qui roulent à contre sens car les voies rapides ont un terre plein central qui laissent la possibilité de faire demi-tour tous les km seulement et nombre de motocyclistes qui débouchent des côtés vont au plus court quand ils veulent se rendre dans la direction opposée.

La N1 part de Bangkok et va jusqu'à Mae Sai à l'extrême nord de la Thaïlande, aux portes de la Birmanie. Il s'en faut de peu pour qu'elle n'atteigne les 1.000 km.  

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18 JANVIER 2558  105 KM

 PERLE CACHEE

Cela fait 7 ans que je fais du vélo dans la région de Phayao et je découvre toujours des coins sympa. Ainsi aujourd'hui j'ai trouvé une nouvelle zone humide à 30 km au nord avec tout ce qui va avec, des étangs, des canaux, des oiseaux aquatiques et des buffles du même métal.

Il faut dire que l'endroit n'est accessible que par des pistes et en restant sur les routes goudronnées des alentours, ce que j'avais fait jusqu'à présent, je ne pouvais pas deviner l'existence de cet îlot de biodiversité.

 

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19 JANVIER 2558  55 KM

ON NE PASSE PAS

Nouvelle sortie cyclo-camping, cette fois dans le parc national de Phu San qui est l'un des plus beaux du nord de la Thailande et, en plus, dont l'accès est gratuit.

Avant de monter la tente je pousse jusqu'au poste frontière de Huak qui comme je m'en doutais ne permet pas d'accéder au Laos. "Mai Dai" (défense de passer) m'oppose un policier thailandais. De toute façon je n'en avais pas l'intention.

Dans le village de Huak il y a un marché thai-laotien réputé qui ne se tient que 2 fois par mois, le 10 et le 30. Pas de chance, rien le 19. Je me demande comment ils font à la fin février.

 

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 20 JANVIER 2558  120 KM

JE PARLE POUR PASSER LE TEMPS

La nuit m'a paru moins longue que lors de ma précédente sortie cyclo-camping. Il faut dire qu'alors je m'étais couché à 18h, dès la tombée de la nuit, n'ayant rien d'autre à faire. Sous les tropiques, les nuits durent pratiquement 12 heures toute l'année et le temps parait long sous la tente. 

Le gardien du parc ayant fait un feu près de sa guérite pour combattre la fraicheur qui s'installe dès le coucher du soleil, je me suis approché et nous avons discuté pendant 2 heures, conversation difficile étant données nos capacités linguistiques limitées dans la langue de l'autre. C'est ce qui s'appelle parler pour passer le temps, cette vis sans fin qui nous projette vers l'infini comme cette liane du parc national de Phu San

 

 

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 21 JANVIER 2558  75 KM

 J' EBRUITE DONC JE SUIS

Je croise parfois de jeunes Thailandais, sur leur petite moto japonaise, qui ont un échappement libre. Comme leurs homologues français avec leur mobylette, ils ne se sentent exister que s'ils font du bruit alors que le cyclotouriste au contraire contraint sa bicyclette au silence. Il ne faut pas qu'elle produise le moindre grincement, qu'elle s'autorise le plus petit frottement, qu'elle émette le bruit le plus infime sinon il a l'impression de déranger la terre entière.

La saison dernière j'ai été dérangé pendant des semaines par un bruit récurrent venant de mon pédalier. J'avais beau changer et graisser périodiquement les roulements, le bruit persistait. Mon mécano ne comprenait pas plus que moi. Jusqu'au jour où, c'était à l'avant veille de rentrer en France, ma roue libre a cassé. Une fois changée le bruit a cessé. J'ai alors compris que les craquements venaient de la roue libre et que le bruit parasite suivait la chaine faisant croire qu'il venait du pédalier.

Concernant les motos bruyantes, le tintamarre vient bien du pot d'échappement et pour cause, elles n'ont pas de roue libre.

 22 JANVIER 2558  95 KM

DE PHAYAO A SIVENS

En suivant les pistes au pied de la montagne, je découvre une énième retenue d'eau. Toutes les rivières, ou presque, et elles sont nombreuses, qui viennent se déverser dans la cuvette de Phayao, sont  barrées pour faire des retenues servant à irriguer le riz et autres cultures. Comme ces barrages sont de petite taille et situés très en amont, au pied de la montagne, ils causent moins de dégâts à l'environnement.

C'est un exemple dont pourraient s'inspirer les déménageurs du territoire français à Sivens ou ailleurs. Et pourtant en matière d'aménagement  les Thailandais donnent rarement  de bons exemples. Avec le réchauffement climatique, on verra peut-être le riz remplacer le mais dans le Tarn, irrigué par de petites retenues colinéaires plutôt que par un méga barrage désastreux.

 

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  23 JANVIER 2558  85 KM

PAS BRULER 

Il y a une grammaire spécifique à l'anglais tel qu'il est parlé par le Thailandais moyen. Ainsi quand je dis à mon mécano que je suis en partance pour la Birmanie il me demande :

" you have my friend  Myanmar ?" là où il aurait dû dire : "do you have a friend in Myanmar ?"

Dans les langues asiatiques il n'y a ni conjugaison ni article ni préposition et le Thailandais moyen a tendance à plaquer la structure de sa langue sur son anglais élémentaire. Ainsi répéter un mot constitue une forme d'insistance et il dira "same same" pour signifier "exactly the same" (exactement pareil).

Cet anglais approximatif ne se limite pas à la langue parlée. Sur des pancartes officielles j'ai pu lire NO BURN ou encore DO NOT EXIT alors qu'il aurait fallu écrire le contraire puisque "burn" est un verbe et "exit" un nom mais dans la grammaire locale de l'anglais on ne fait pas la différence.

Le problème est qu'à force de les entendre parler comme ça, je finis par parler "same same". Ainsi à la question de mon mécano ai-je répondu : " No have"

 

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24 JANVIER 2558  75 KM

 EXPLORATEUR

c'est ma énième tentative pour tenter de trouver une piste qui fasse le tour du lac de Mae Puem, à 20 km au nord de Phayao. A chaque fois je tombe dans des culs de sac ou sur des chemins qui vont dans la mauvaise direction mais qu'importe. Je n'ai pas l'impression de perdre mon temps pour autant. Hors des sentiers battus je me sens l'âme d'un explorateur, étant peut-être le premier cycliste, en tout cas probablement le premier étranger, à hanter les lieux. Finalement je trouve un passage pour franchir la rivière en amont du lac mais la passerelle en bambou ne n'inspire guère confiance. Sans avoir à porter mon vélo sur le dos je pourrais tenter le coup mais là l'opération me semble trop risquée. Il faudrait que je trouve un passage à gué mais ce sera pour la n+1 nième fois car il commence à se faire tard.

 

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25 JANVIER 2558  65 KM

COURSE DE LENTEUR

Ayant aperçu une affiche qui me semblait-il, car elle était entièrement rédigée en thailandais, annonçait un rassemblement de vététistes à une vingtaine de km au sud-est de Phayao, je m'y rends au petit matin. Je ne suis sûr que de la date, indiquée clairement comme étant le 25 janvier 2558, et de l'heure, pour le reste, j'essaie de deviner.

Je comprends assez vite qu'il ne s'agit pas d'un simple rassemblement mais d'une forme de compétition, qui n'est pas ma tasse de thé, fût-il thailandais, car on nous remet un dossard à l'inscription. Il s'agit d'effectuer 2 ou 3 fois selon sa catégorie d'âge, un parcours de 5 km au travers de collines plantées de tournesol.

Parti dernier de mon groupe, je reste délibérément à la traine, et pour cause, je m'arrête pour prendre des photos ou ramasser des bouteilles vides que certains participants, ne voulant pas perdre une seconde, ont jeté dans les tournesols.

Même si j'avais joué le jeu je serais arrivé dernier car je n'ai pas l'âme d'un compétiteur alors, tant qu'à faire...

 

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26 JANVIER 2558  0 KM

CYCLO-VOLANT

En route pour le lac Inle en Birmanie. Phayao n'est pas très loin à vol d'oiseau du lac Inle. On peut théoriquement y accéder par la route en passant par le poste frontière de Tachilek à l'extrême nord de la Thailande mais les autorités birmanes imposent de telles contraintes qu'on est presque obligés de prendre l'avion. Je suis donc parti pour une nuit de bus vers Bangkok puis quelques heures d'avion jusqu'à Mandalay et à nouveau une nuit de bus jusqu'au lac le plus réputé de Birmanie.

 

27 JANVIER 2558  50 KM

PETIT VELO POUR GRANDES JAMBES

Il me faut maintenant trouver un vélo à louer. Par chance ce n'est pas ce qui manque au bord du Lac Inle. Ils sont tous pareils ou presque. Ils n'ont que 6 vitesses ce qui est suffisant si on reste autour du lac. Le problème est plutôt dans leur taille. J'ai beau en essayer plusieurs, ils sont tous trop petits. Je devrai faire avec. Au moins ils ont un panier qui vaut presque une sacoche de guidon

 

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28 JANVIER 2558  30 KM

HANTERDRO

Aujourd'hui je me contente d'un demi-tour (c'est à dire "hanterdro" en breton car j'ai oublié le mot en birman) du lac, profitant du fait que des passeurs permettent de le traverser en embarquant les vélos si nécessaire. C'est vrai que pour les cyclistes peu entrainés que constitue le gros des touristes qui louent des vélos, c'est là une belle ballade peu fatigante. Si le parcours routier n'a que peu d'intérêt du fait qu'il est éloigné de la rive, la traversée en barque est de toute beauté et permet d'apercevoir des pêcheurs qui avancent avec une technique très particulière, enroulant la rame autour de leur jambe.

 

 

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29 JANVIER 2558  150 KM

ENLISEMENT

Le lac Inle est peu profond,  il se comble de plus en plus et les cultures sur brûlis pratiquées dans les montagnes environnantes n'arrangent rien car la terre dénudée se retrouve dans le lac quand les pluies d'été reviennent. Les habitants pratiquent encore la culture flottante mais de moins en moins et la culture sur limons de plus en plus. Nécessité fait loi. En attendant il faut se dépêcher d'admirer le lac de peur qu'il ne se transforme en une  gigantesque vasière.

 

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30 JANVIER 2558  40 KM

ETHNIE LACUSTE

Les Inthas vivent du lac par la pêche et les cultures flottantes mais aussi sur le lac, habitant dans des maisons sur pilotis et se déplaçant presque uniquement en barque.

 

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31 JANVIER 2558  150 KM

PLAN RISQUE

Les plus désespérés sont les plans les plus beaux. ( D'après Musset)

A l'agence où je loue mon vélo on me dit qu'on ne peut pas aller jusqu'au lac de Sankar, situé plus au sud. C'est trop loin et de toute façon la piste est impraticable. Comme je les soupçonne de vouloir me vendre un billet de bateau, je décide tout de même d'essayer de passer par la route.

Le plan n'est peut-être pas désespéré mais il est pour le moins insensé vu l'heure tardive de mon départ avec un vélo de location, sans outils pour réparer une éventuelle panne et sans savoir s'il y a un hôtel ouvert aux étrangers sur place.

Avec une route qui se dégrade au fil des kilomètres, mais un paysage qui devient de plus en plus joli, c'est déjà ça,  je ne parviens au village de Sankar qu'en milieu d'après-midi pour découvrir que le seul hôtel accessible aux étrangers est complet et de toute façon, avec des chambres à 80 $ pour les moins chères, je n'y serais pas resté.

Me voilà bon pour une nocturne car le soleil décline sérieusement quand je fais demi-tour. Pour tout arranger je crève et pas une maison à l'horizon.

Un kilomètre à pied ça use, ça use,

Un kilomètre à pied ça use les souliers....

et 3 km, lorsque j'aperçois enfin une maison, encore plus. Il s'agit d'une modeste cabane de chantier mais par chance les ouvriers ont une pompe. La crevaison semble légère car le pneu reste gonflé. Pourvu que ça dure !

Il fait nuit lorsque j'atteins le lac Inle. Je ne suis pas sauvé pour autant car je dois longer toute la rive est jusqu'à Nyaungshwe pour retouver mon hôtel.

L'ambiance est surréaliste. De jour ça ne paraissait pas trop, mais au clair de la lune, mon ami Pierrot, le contraste est saisissant. Côté montagne, ce qui semble être un camp militaire bien qu'aucun uniforme ne soit visible derrière les barbelés, et côté lac d'autres camps retranchés derrière de hautes murailles où sont concentrés de riches européens, des "resorts" qui portent les doux noms de "Serenity" ou "Novotel". Entre deux camps de concentration, les cabanes de bambou des villageois quand ce ne sont pas de simples bâches posées sur les branches basses d'un arbre.

Après 2 nouveaux regonflages car une crevaison va toujours en s'aggravant, je parviens à Nyaungshwe. Je n'ai roulé que 4 h de nuit mais dans ces conditions le temps compte double.

Les plus désesperés sont les plans les plus beaux

Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots.

 

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1 FEVRIER 2558   0 KM

QUOTA

Je ne suis pas arrivé à respecter le quota de 2.000 km que je m'étais fixé pour janvier. Même sans les 150 km d'hier je l'aurais dépassé. J'espère que je ferai mieux, c'est à dire moins, ce mois-ci. En tout cas je prends un bon départ, je ne peux tout de même faire moins que 0 km.

Je prends une journée de repos mais pas les vélos-taxi qui eux roulent tous les jours.


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2 FEVRIER 2558   25 KM

LA KLAXONITE

Il semble que le foyer de l'épidémie de klaxonite se soit déplacé du Vietnam en Birmanie.

La klaxonite est une maladie qui sévit dans les pays en plein développement automobile et qui consiste à klaxoner à tout va et à tout bout de champ, pour signaler sa présence mais aussi pour se faire ouvrir la route.

A ce petit jeu les gros véhicules, bus et camions sont gagnants. Les voitures et motos doivent céder le passage mais celles-ci se vengent sur les vélos et les piétons qui eux sont dépourvus de klaxon.

Tous les traitements médicamenteux pour soigner la klaxonite ont échoué. D'après un psychologue de renommée mondiale, il est normal que les médicaments soient inefficaces car le problème n'est pas physiologique mais psychologique.

Quand un pauvre réussit à acheter une petite moto il klaxonne les très pauvres sur leurs vélos pour leur faire entendre qu'il a grimpé dans l'échelle sociale. Quand plus tard il accède à l'automobile il klaxonne les pauvres qui en sont restés à la moto et ainsi de suite. Le phénomène ne s'arrête que lorsque tous les pauvres ou presque sont motorisés et que personne n'a plus rien à prouver.

La Thailande en est à ce stade. Les plus pauvres ont au moins une mobylette et ne klaxonnent presque plus, et les plus ou moins riches se mettent à faire du vélo de loisir pour se démarquer. Cela rappelle un dessin de Sempé qui s'appliquait à la France des années soixante.

La ras-le-bolisation face au tout automobile peut prendre du temps, comme en Europe, ou aller plus vite comme en Thailande ou encore plus vite comme au Vietnam où l'on voit de moins en moins de cyclistes utilitaires et de plus en plus de cyclistes de loisirs ce qui n'empêche pas la klaxonite d'y sévir encore.

La Birmanie par contre n'en est pas à ce stade. On y est loin du ras-le-bol de l'auto et la klaxonite a encore de beaux jours devant elle. Ce n'est pas parce que la police s'équipe de vélos dans les zones touristiques que les automobilistes klaxonnent moins.

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3 FEVRIER 2558   60 KM

LA TRACTION D'AVANT

Lors de mon précédent voyage en Birmanie, il y a 7 ans, j'avais déjà vu des buffles travailler dans les rizières alors que ce spectacle avait déjà disparu en Thaïlande. Si le parc automobile de Birmanie s'est beaucoup développé, il n'en va pas de même avec la mécanisation agricole et ce n'est peut-être pas plus mal. Beaucoup de petits paysans thailandais se sont surendettés en se mécanisant outre mesure et se trouvent contraints de vendre leur terre. Puissent les petits riziculteurs birmans continuer à travailler avec leurs buffles. La traction animale c'est la traction d'avant mais c'est aussi une attraction d'après moi. 

 

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4 FEVRIER 2558   30 KM

BRO BAGAN

J'avais prévu de rester une douzaine de jours sur le lac Inle mais devant la difficulté de rayonner à partir de cette nasse à touristes qu'il constitue, j'ai choisi de me rendre à Bagan, l'ancienne capitale de la Birmanie connue pour ses nombreux vestiges de temples.

Il existe un "Bro Bagan" (Pays Pagan) dans le Finistère nord mais il n'y a pas de lien entre les 2 "Bagan", d'autant moins que "pagan" en breton signifie "païen" et que le "Bagan" birman est tout sauf païen.

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5 FEVRIER 2558   95 KM

LE MONT TOBA

D'après mon Routard le Mont Toba à 50 km de Bagan, vaut le détour. Mon vélo de location n'est pas formidable mais en partant tôt le matin je dois pouvoir faire l'aller et retour dans la journée. Quand j'aperçois enfin le sieur Toba, qui par sa silhouette et sa taille ressemble fort au Mont Ventoux, il est déjà midi sonné et il me reste encore une vingtaine de km pour y arriver. On voit bien que ceux qui écrivent les guides ne voyagent pas à vélo. Autant dire qu'ils m'ont mené en baTo pour Toba. Dans ces conditions je n'ai aucune chance de rentrer avant la nuit si je vais jusqu'au bout. Je me contente de photographier mon objectif et je fais demi-tour, revenant par la même route qui est de qualité acceptable pour la Birmanie, mis à part quelques tronçons en travaux où femmes et enfants manient la pelle et la pioche pour un salaire de misère probablement, voir sans salaire du tout. Je retrouve là des scènes que j'ai connues sur la côte ouest de la Birmanie il y a 7 ans. Qui a dit que le sort de la population birmane s'améliore ?  


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6 FEVRIER 2558   30 KM

 COMME TOUT LE MONDE

Pour ma dernière journée à Bagan il faut quand même que je visite quelques temples, comme tout le monde. Comme tout le monde, je gâche de la pellicule numérique en essayant de faire entrer un maximum de ruines dans la boite. Comme tout le monde je monte sur un temple pour admirer le coucher de soleil et comme tout le monde je photographie des moines enfant de retour de quête.

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7 FEVRIER 2558   0 KM

PAR VOULOIR

"Par chance mais aussi par vouloir

Je dors en Phayao ce soir."

chante Gilles Servat

sauf que lui parle de Bretagne et non de Phayao mais qu'importe puisque celle-ci est notre première patrie de coeur et celle-là ma deuxième.

8 FEVRIER 2558  

CA FAIT DU BIEN

Après 2 semaines en Birmanie sur un vélo de location,

ça fait du bien

de rouler avec un vélo à sa taille

ça fait du bien

de ne pas être surveillé par la police dès que l'on sort des sentiers battus

ça fait du bien

de retrouver des hôtels à des prix corrects

ça fait du bien

de savoir que l'argent que l'on donne aux hôteliers ne va pas dans les caisses de l'armée

ça fait du bien

de retrouver des routes en bonne état

ça fait du bien

de ne pas avoir à marchander sur les marchés

ça fait du bien

de savoir qu'on peut se faire soigner correctement en cas de besoin

ça fait du bien

de pouvoir se connecter à internet sans problème

ça fait du bien

de ne pas se faire harceler par des vendeurs de toute sorte

ça fait du bien

de revoir le lac de Phayao

ça fait du bien

de se retrouver chez soi, ou presque

ça fait du bien

de se souvenir du "je me souviens" de Georges Perrec

 

9 FEVRIER 2558  75 KM

BIS REPETITA

Aujourd'hui encore il a fallu que je me batte avec mon mécano. Il a passé 3 quarts d'heure à régler mon frein tambour et à dévoiler ma roue arrière à la suite de quoi il m'a réclamé 20 baths (un demi euro). Je lui ai répondu sèchement que je n'étais pas d'accord sur le prix et lui ai donné 3 euros ce qui n'est toujours pas cher payé.  

 

10 FEVRIER 2558  90 KM

AU LAC D'ALTITUDE

Il y a 3 semaines, j'étais allé chercher un passage pour traverser la montagne à l'est de Phayao. Ma carte m'indiquait une route sensée rejoindre Pong la principale localité de la vallée d'à côté.

Effectivement j'ai trouvé un chemin parfois très pentu qui m'a enmmené jusqu'à la crête mais j'ai décidé de ne pas descendre de l'autre côté car je n'aurais pas pu rentrer avant la nuit si j'avais été jusqu'à Pong.

Une fois rentré à Phayao, en regardant sur Google map la route que j'avais prise, je me suis aperçu que j'avais fait demi-tour à moins d'un km d'un lac artificiel qui n'était pas mentionné sur ma carte. Il fallait donc que je retourne voir ce qu'il en est exactement.

Un homme averti en vaut 2. Le chemin est toujours aussi difficile mais connaissant les difficultés elles me paraissent 2 fois moins dures.

J'ai bien fait de revenir. Derrière le barrage je découvre un lac enserré dans une vallée d'altitude ce qui est  rare dans la région où les barrages sont plutôt au pied des montagnes.

Quant au chemin sensé descendre jusqu'à Pong, il s'arrête au barrage. Il a probablement été noyé sous les eaux du lac.

La morale de l'histoire c'est que, quand on explore un coin, il faut s'aider d'une carte routière traditionnelle et d'une carte électronique. Les 2 sont complémentaires. L'une est imprécise et pas nécessairement à jour, l'autre est difficile à déchiffrer. En plus il faut aller vérifier sur le terrain. Il n'y a que ça de vrai.

 

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11 FEVRIER 2558   90 KM

CYCLO-ROUTE

Les autorités locales ont profité de mon absence pour améliorer la route de la rive ouest du lac, la plus jolie. Non seulement elle est refaite à neuf mais elle est désormais signalée comme étant une route cyclable où les camions sont interdits et les voitures tolérées.

De la même façon qu'une nouvelle autoroute amène de nouvelles voitures, tant pis, cette nouvelle cyclo-route amène de nouveaux vélos et c'est tant mieux.

Avant les travaux elle était déjà très fréquentée par les cyclistes mais maintenant on risque le bouchon en fin d'après-midi quand les gens du coin font faire leur tour, embouteillage sans pollution, le rêve.

 

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12 FEVRIER 2558   200 KM

R.A.S

Aujourd'hui rien à signaler. Ah si, j'ai fait 200 km dans la journée. Chaque année j'essaie de battre mon record de distance journalier sous les tropiques qui, l'année dernière était de 185 km.

200 km à vélo dans la journée n'a rien d'un exploit. D'autres ont fait beaucoup plus. J'ai d'ailleurs fait presque le double en 24 h, il y a longtemps dans le cadre du brevet de 500 km de la FFCT et ce n'était pas non plus un exploit sinon un exploit personnel. L'important dans le cyclotourisme tel que je l'entends, n'est pas de se comparer aux autres mais de repousser ses limites personnelles. Avec de l'entrainement et un minimum de volonté, ces limites sont plus extensibles qu'on ne le croit.

Parti de Phayao à 6h du matin à un petit train de 15 km/h, j'ai terminé à Mae Sai sur la frontière birmane à 30 km/h à 6h du soir en compagnie de jeunes cyclistes thailandais qui faisaient leur petit tour du soir. Quand on part doucement sur de longues distances on peut se permettre de finir fort, alors qu'en faisant le contraire on termine sur les genoux, ce qui pour le coup aurait été quelque chose à signaler.

 

13 FEVRIER 2558   80 KM

SERPENT SUR ROUTE QUI SERPENTE

On voit souvent des serpents écrasés sur la route en Asie mais il est rare d'en rencontrer des vivants. J'en ai vu un aujourd'hui sur la route qui serpente en bordure du lac. Il allait traverser. Quand il m'a vu, il a fait demi-tour. Heureusement que ce sont des créatures craintives. De toute manière le cycliste ne craint pas grand chose. Au pire il peut lui passer sur le dos, ça m'est arrivé une fois, mais ses pieds sont hors d'atteinte de la gueule des serpents qu'il peut être amené à croiser.

 

14 FEVRIER 2558   85 KM

LA TORTUE TUE LE TEMPS

Contrairement à la dernière fois, (voir le 25 janvier), je me rends en connaissance de cause à une course organisée par le cyclo-club de l'université de Phayao. J'y vais non pas pour gagner mais pour participer et retrouver des amis cyclos thailandais rencontrés autour du lac principalement.

Comme dans la fable je suis la tortue au milieu des lièvres mais contrairement à ce qu'écrit Jean de la Fontaine, ce n'est pas la tortue qui arrive la première. Je suis même bon dernier de mon groupe. Il faut dire que mon dérailleur qui refuse obstinément de faire monter la chaine sur la grande couronne ne fait rien pour m'aider sur ce parcours court mais jalonné de raidillons à 15%, qui fait le tour du campus. Mais, mon problème de vitesse n'est pas vraiment un problème de vitesses. C'est surtout l'envie de foncer qui me manque. Je n'y peux rien, je suis comme ça depuis tout petit. Je préfère avoir le nez au vent que dans le guidon. J'en demande pardon au grand fabuliste français que je fais mentir pour la deuxième fois en 3 semaines.

 

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15 FEVRIER 2558   80 KM

ODE A MON CHEMIN DE TERRE

Mon cher chemin de terre

Je sais que tu veux rester anonyme, ta discrétion t'honore. Je dirai seulement que tu te situes sous les tropiques sans dire exactement où, en sachant que beaucoup se douteront que tu ne dois pas être bien loin de ma résidence secondaire.

Je ne sais plus très bien quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Ce devait être il y a 3 ou 4 ans par une après-midi de janvier dans la torpeur hivernale de la saison sèche. Je regrettais de ne pas être parti plus tôt de mon hôtel pour ne pas avoir à affronter le mercure à son plus haut au thermomètre quand tu m'as invité au détour d'une bambouseraie à goûter l'ombre de tes arbres.  J'ai bien hésité un instant à quitter la bande goudronnée sans la moindre aspérité pour ton couvert argileux qui semblait en bon état mais qui pouvait se trouer d'ornières dès le premier virage. Et qui me dit que tu as une issue, pensais-je. C'était l'occasion de le vérifier et je ne l'ai pas regretté car tu débouches dans un superbe trou de verdure où chante une rivière comme l'écrit le poète, et cette rivière devient rizières.

Depuis je te rends visite chaque année, plutôt 2 fois qu'une, et j'explore tes confrères chemins de terre pour voir s'ils ne recèlent les mêmes trésors que toi. Au risque de te vexer j'en ai trouvé qui ont même mieux à offrir mais ne t'inquiète pas, tu resteras mon préféré car tu as été mon premier. Et puis si jamais les autorités locales décidaient de te goudronner, préviens-moi, je ne suis pas de marbre, je remuerai ciel et terre pour que tu restes de terre.

 

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16 FEVRIER 2558   85 KM

A LA RECHERCHE DES KILOS PERDUS

Après bientôt 3 mois de vélo sous les tropiques j'ai perdu plus de 15 kg,  le problème c'est que je ne sais pas où. J'ai beau regarder dans le fossé le long des routes où je suis déjà passé, point de kilos superflus à trainer. Ce n'est pourtant pas les choses qui manquent dans les fossés de Thailande. On y voit des bouteilles de verre, des cassées, des pas cassées et des tas de sacs plastiques. Forcément, quand vous faites vos courses, on vous donne toujours des sacs, que je refuse le plus souvent possible. Les Thailandais achètent beaucoup de nourriture cuisinée et conditionnée dans des sacs que le vendeur remet dans d'autres sacs et quand il a épuisé sa réserve, il va en acheter de nouveaux chez le marchand de sacs qui lui met ses paquets de sacs dans un grand sac et tous ces sacs, ou presque, finissent dans les fossés.

Heureusement,  les Thailandais commencent à découvrir la belle découverte du préfet Poubelle. Ils l'utilisent de plus en plus mais comme ils consomment de plus en plus de sacs plastiques, il y en a toujours autant dans les fossés et je ne peux pas retrouver mes kilos perdus.

C'est dommage car les vanniers du lac de Phayao fabriquent de magnifiques paniers en fibres de jacinthe d'eau qui remplacent avantageusement les sacs plastiques et qu'on peut jeter dans le fossé quand ils sont complètement usés, ce qui prend du temps car ils sont très solides. Ils sont bio-dégradables eux au moins, je parle des paniers, pas des vanniers, encore que.

 

17 FEVRIER 2558   95 KM

QUE FERAIS-JE SANS TOI

Que serais-je sans toi

Ma sacoche de guidon

T'es toujours devant moi

Tu m'en demandes pardon

Que ferais-je sans toi

J'en aurais plein les poches

Des casse-croûtes des brioches

Que serais-je sans toi

comme dirait Aragon.

 

Je ne conçois pas de randonnée sans toi ma sacoche de guidon mais sans moi les artisans vanniers du lac qui t'ont fabriquée sur mesure pour moi pourraient fort bien survivre car ils fabriquent surtout des paniers et des sacs à main en attendant peut-être que les cyclistes thailandais découvrent tes nombreux avantages.

 

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18 FEVRIER 2558   80 KM

LE SONGTHAEW

Un songthaew (Thaï สองแถว, littéralement deux rangées) est un taxi collectif principalement utilisé en Thaïlande et au Laos. 
Ce type de taxi collectif se rencontrent dans les villes de province et en pleine campagne, mais il est interdit à Bangkok. Les songthaews sont le plus souvent loués par leurs chauffeurs à une société qui peut avoir le monopole sur un certain secteur : dans ce cas tous les véhicules sont de la même couleur et possèdent un numéro extérieur de référence qui les assignent à un trajet fixe.
C'est le chauffeur qui perçoit le montant de la course, soit une somme fixe, soit un montant négocié au moment de la prise en charge quand le trajet est plus long dans les zones de campagne. La place à l'avant, à coté du chauffeur, peut être soit accessible à un passager payant, soit occupée par un assistant du chauffeur chargé de la perception du transport.
Les songthaews chargent autant de passagers qu'il est possible, certains restant debout sur le marchepied arrière en cas de surcharge. Il n'y a pas de stations déterminées, le voyageur hèle le taxi au passage et pour descendre, il actionne une sonnette par un bouton situé à plusieurs endroits du plateau arrière."

Cette définition extraite de Wikipédia vaut également pour Phayao. Il faut ajouter que les songthaews servent aussi à transporter des marchandises, voire des motos ou des vélos.

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19 FEVRIER 2558   50 KM

 CULTURE LACUSTE

Le lac de Phayao est le plus grand lac naturel de Thaïlande et au fil des siècles s'est développée une culture autour de la pêche comme en témoigne cette affiche aperçue dans une exposition.

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20 FEVRIER 2558   125 KM

HAVRE DE PAIX

A défaut d'abribus j'aime m'arrêter dans les centres d'incinération de campagne pour la pause casse-croûte du matin. Ce sont des havres de paix et il y a un endroit couvert, donc à l'ombre, avec des bancs pour accueillir le public et les moines lors des inhumations qui ont lieu l'après-midi.

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21 FEVRIER 2558   145 KM

D'UN FOUR A L'AUTRE

Les Thailandais utilisent beaucoup de charbon de bois pour faire la cuisine ce qui implique qu'il y a beaucoup de charbonniers. Certains font brûler le bois à petit feu sous du son de riz, d'autres utilisent des fours plus sophistiqués.

 

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22 FEVRIER 2558   75 KM

FETE DU BUFFLE

Il y a de moins en moins de buffles en Thaïlande car avec la mécanisation, ce cheval de trait des rizières n'a plus l'utilité qu'il avait par le passé et la consommation de viande de buffle n'a pas encore pris le relais pour justifier la relance de son élevage. Mais les choses changent petit à petit. La viande de buffle, qui avait la réputation d'être de la carne et pour cause, autrefois on ne tuait que les vieilles bêtes qui ne pouvaient plus travailler, retrouve la faveur des consommateurs et des éleveurs se réunissent pour organiser une fête du buffle, façon de rendre hommage à l'animal qui a rendu tant de services aux paysans asiatiques pendant des siècles.

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23 FEVRIER 2558   85 KM

COMPTAGE

En fin d'après-midi je croise toujours de nombreux cyclistes sur la rive ouest du lac sans savoir exactement leur nombre aussi aujourd'hui ai-je décidé de faire un comptage. Entre 16h30 et 18h30 j'ai dénombré  173  cyclistes se répartissant comme suit en fonction du type de vélo qu'ils utilisent :

VTT : 99

vélo ordinaire : 47

vélo de course : 27

C'est beaucoup, c'est probablement plus que l'année dernière mais moins que l'année prochaine si, comme on peut le penser, le boom du vélo de loisir se poursuit.

Le nombre de vélos ordinaires est extra-ordinaire. La plupart de ces cyclistes sont des villageois du coin qui font leur tour du soir comme les sportifs de Phayao sur leur VTT sophistiqué.

Il y a seulement quelques années de cela, se déplacer à vélo était un signe de pauvreté. Avec le développement fulgurant du nombre de VTT, le vélo, fût-il utilitaire, a retrouvé ses lettres de noblesse et c'est tant mieux.

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 24 FEVRIER 2558   100 KM

CYCLOTHERAPIE TROPICALE

Ce n'est pas parce qu'il fait du vélo le dimanche autour de chez lui que le cyclotouriste est nécessairement exempt des addictions fréquentes sous nos latitudes, tabac, alcool ou repas trop copieux qui nuisent gravement à la santé.

En allant randonner sous les tropiques il devra modifier ses habitudes alimentaires ne serait-ce que parce qu'il n'aura pas accès à certaines denrées et boissons ou alors difficilement.

Ce pourra être l'occasion pour lui de rompre, au moins provisoirement, avec certaines habitudes néfastes.

En tout état de cause la chaleur n'incite pas à fumer ni à boire de l'alcool ni à manger beaucoup. Ajoutons à cela plusieurs dizaines de km par jour de randonnée et c'est la perte assurée de ses kilos en trop.

Il me reste moins d'une semaine de vélo car je dois rentrer le 31 février. Je n'ai plus le temps de perdre du poids et je n'ai plus de temps à perdre à me peser. J'ai perdu 16 kg en 3 mois, 7 en décembre, 6 en janvier et seulement 3 en février pour finalement retrouver le poids de mes 20 ans. Je sais que je vais en reprendre l'essentiel d'ici à ce que je retrouve mes pénates thaïlandaises mais qu'importe, je sais aussi que je reperdrai mes kilos superflus l'année prochaine.

25 FEVRIER 2558   150 KM

EASY RIDE ?

Aujourd'hui mes copains thailandais m'ont embarqué dans une partie de manivelles. Nous devons rejoindre Mae Sai, la pointe du Triangle d'Or, à la frontiere avec Tachilek en Birmanie. Il est prévu que nous fassions les 150 km en 12 h mais à l'allure où nous roulons, cela m'étonnerait fort que nous soyons dans les temps. Mister Chat est aux commandes. Il appartient au club des plus de 60 ans de Phayao et son maillot porte l'inscription "easy ride" c'est à dire "randonnée tranquille".

Moi j'prends mon temps

Oui j'prends mon temps

Vous feriez bien

D'en faire autant

chantait Henri Salvador, sauf que Mister Chat ne prend pas son temps. Il mène la danse à 28 km/h. J'arrive à suivre parce que je suis bien entrainé depuis 3 mois que je roule dans le coin  et que j'ai perdu mes kilos en trop mais en décembre j'en aurais été incapable.

Heureusement que les pauses casse-croûte sont là pour faire tomber la moyenne. Au final nous mettons plus de 8h. Ce n'est pas assez pour justifier l'appellation "easy ride" mais l'honneur est sauf. On aurait eu l'air de quoi si on avait parcouru la distance en 5 h ?

 

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26 FEVRIER 2558   90 KM

DETOUR POUR UN COUCHER

Les gens viennent de loin pour photographier le coucher de soleil sur le lac de Phayao, alors habitant à côté pourquoi n'en ferais-je pas autant ? Il faut dire qu'avec les montagnes du Doï Luang en arrière plan, le spectacle vaut le détour.

 

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27 FEVRIER 2558   65 KM

LES CYCLOS DU TEMPLE

Je visite peu les temples, sauf lorsqu'ils sont dans des sites remarquables, grottes ou sommets. En l'occurrence celui-ci n'appartient à aucune de ces catégories mais mes copains cyclistes thailandais ont organisé une collecte pour mettre en place un Bouddha sur le fronton d'un des nombreux temples de la région, alors...

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28 FEVRIER 2558   45 KM

SEVRAGE

C'est le dernier jour du mois, c'est aussi mon dernier tour du lac de la saison. Je vais commencer mon sevrage dès demain avant de replonger dans ma drogue favorite, je le crains, dans 9 mois. A ce jour les laboratoires pharmaceutiques n'ont pas encore trouvé de produit de substitution au cyclotourisme sous les tropiques, dont le tour du lac de Phayao constitue une forme d'addiction particulièrement sévère.

 

29 FEVRIER 2558   0 KM

LE BILAN

C'est l'heure du bilan. Comme d'habitude je n'ai pas pu respecter les objectifs que je m'étais fixés. J'étais parti pour faire 5.000 km en 3 mois et j'ai atteint ce kilométrage en moins de 2 mois et demi ce que voyant je me suis donné comme nouvel objectif 6.666,666 km mais même celui-ci je l'ai dépassé pour arriver à 6.770. Cela peut sembler beaucoup mais  je n'arrive qu'à une moyenne quotidienne de 75 km, ou 80 km quand j'enlève les quelques jours où je n'ai pas pu rouler.

Comparé à la saison dernière (2556-2557) j'ai un peu plus roulé mais surtout je me suis fait plus d'amis cyclistes, dont les membres du club cyclo de l'université de Phayao avec qui nous organiserons le 16 janvier 2559 (2016) les premières 12 h du Lac de Phayao. Voir l'article consacré à cet évènement.

 

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30 FEVRIER 2558   0 KM

JE DORS EN BRETAGNE CE SOIR

Les pommiers fleuris du printemps
Et la grêle de temps en temps
Sur les talus la blanche épine
La tige fine qui s'incline
Les ajoncs de La Roche-Bernard
Beauté prise dans un regard

Par chance et aussi par vouloir
Je dors en Bretagne ce soir

L'abeille sur le liseron blanc
Et en surface d'océan
L'évanouissement des vagues
L'ombre d'un chemin qui zigzague
La graine des genêts craquant
En plein midi au bord des champs

Par chance et aussi par vouloir
Je dors en Bretagne ce soir

Les bruines de l'arrière-saison
Voilant des ports sans horizon
Une sirène qui résonne
Portant mélancolie d'automne
Le galop fou du vent salé
Sur l'infini des monts d'Arrée

Par chance et aussi par vouloir
Je dors en Bretagne ce soir

L'onglet du pécheur étripant
Le poisson sur le pont glissant
L'alignement mégalithique
Que fait reluire la pluie oblique
Et un peu de neige parfois
Qui blanchit l'ardoise des toits

Par chance et aussi par vouloir
Je dors en Bretagne ce soir

Dans la beauté.

 

Gilles Servat

 

 

 

 

 



11/12/2014
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