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l- Journal de bord - Rangoon - Napoli 700km

 

Une fois n'est pas coutume, plutôt que de conseiller le voyage itinérant entre Rangoon et Napoli (ou Yangon et Ngapali selon une autre orthographe en usage sur certaines cartes), je vais présenter ce voyage sous forme d'un journal de bord. Libre ou lecteur de savoir s'il veut ou non tenter l'aventure. 

Pour aller en Birmanie il n'y a guère le choix. Tous les postes frontière terrestres sont fermés. On ne peut y accéder que par avion depuis Bangkok ou accessoirement depuis Chiang Mai en Thaïlande ou depuis la Chine. Avec l'assouplissement de la dictature militaire en place depuis 50 ans, il est possible que la situation s'améliore un peu à l'avenir mais un peu seulement. Il ne faut pas rêver. J'ai fait ce voyage fin 2007 mais je doute que les conditions soient bien meilleures aujourd'hui.

 

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Panneau près de l'aéroport de Rangoon à la gloire des militaires birmans

 

Mercredi 12 décembre 2007 - Paris

Il peut sembler paradoxal de commencer à évoquer ce voyage birman en parlant de Paris mais c'est là que les problèmes, jamais bien graves par ailleurs, ont commencé.

Nous montons dans l'avion avec 2 heures de retard. Il n'y a pas trop à s'inquiéter car il y a une escale de 4 heures prévue à Dubaï. Ca laisse le temps de changer d'avion sauf que nous devons attendre encore et encore et que nous décollons finalement avec 5 h de retard.

Evidemment l'avion de Bangkok ne nous avait pas attendu et comme il n'y en a qu'un par jour, obligation nous est faite d'attendre le lendemain pour continuer le voyage, aux frais de la compagnie comme il se doit.

 

13 décembre - Dubaï

Nous sommes bien traités à Dubaï. Hôtel de luxe et restaurant 3 étoiles à moins que ce soit le contraire, mais il n'y a rien à faire. L'hôtel de la compagnie aérienne est situé loin du centre ville  et, à moins de dépenser une fortune en s'assurant les services d'un taxi, nous sommes condamnés à rester sur place. J'en profite pour aller me balader à pied et faire le tour des grands chantiers aux alentours sur lesquels s'affairent des esclaves des temps modernes, venus du sous-continent indien pour la plupart pour construire station de ski sous cloche ou îles artificielles pour milliardaire.  Si pour moi cette journée passée à Dubaï est du temps perdu, ces travailleurs immigrés y perdent eux leur jeunesse pour gagner un salaire dérisoire.

 

14 - 17 décembre - Bangkok

Cette escale plus longue que prévue à Dubaï ne m'arrange pas pour une autre raison. J'avais planifié de me rendre à l'ambassade de Birmanie à Bangkok le jeudi pour demander mon visa qui, je le savais, ne me serait délivré que le lendemain, pour pouvoir prendre l'avion pour Rangoon dès le samedi. Or en arrivant le vendredi à Bangkok, cela signifie que je ne pourrai obtenir mon visa que le lundi car les ambassades sont fermées le week-end. C'est vrai qu'il vaut mieux être bloqué à Bangkok qu'à Dubaï mais enfin pour moi Bangkok n'est qu'un lieu de transit, pas une destination en soi.

18 - 20 décembre - Rangoon

Mon visa en poche, je peux enfin acheter mon billet pour Rangoon. Le vol se déroule sans encombres avec une bizarrerie  concernant le décalage horaire cependant. Tous les pays du monde ajoutent ou enlèvent un nombre d'heures complètes au temps GMT en fonction de leur position géographique mais pas la Birmanie. Comme elle se situe à l'ouest de la Thaïlande on pourrait s'attendre à ce qu'elle retranche une heure par rapport à Bangkok ou qu'elle conserve le même horaire car elle n'en est pas bien loin, mais non. La Birmanie a un décalage d'une demi-heure avec sa voisine thaïlandaise, histoire de se distinguer sans doute.

 

La première difficulté consiste à trouver de l'argent local, le kyat, à un taux intéressant. Bien sûr j'étais arrivé avec des dollars car c'est la seule monnaie acceptée dans certains hôtels. La plupart des commerçants acceptent les 2 monnaies mais ils offrent généralement un taux de change défavorable au touriste, fût-il cyclotouriste, de même que les banques qui acceptent de changer également les euros mais à des conditions encore plus défavorables (environ 10 fois moins qu'au marché noir). De plus je savais qu'en campagne il me faudrait absolument des kyats.

J'ai donc fini par céder aux sollicitations d'un démarcheur de rue. Je n'aime pas passer par ce genre d'intermédiaire mais en Birmanie c'est difficile de faire autrement. On se met d'accord sur un taux et il m'invite à prendre un thé dans un café, à moins que ce ne soit le contraire, pour effectuer la transaction. J'aligne mes euros sur la table et il sort ses liasses de kyats. La monnaie locale, comme partout en Asie du sud-est sauf en Thaïlande, n'a que peu de valeur et  il faut beaucoup de billets pour le moindre achat.

Mon agent de change compte ses liasses à toute vitesse, impossible de le suivre. Je lui demande de recompter doucement, il s'exécute de mauvaise grâce mais il va presque aussi vite rendant tout contrôle difficile. Je flaire l'arnaque, lui rends ses kyats et récupère mes euros.

Comme je n'ai qu'une petite somme à changer je n'aurais pas été volé de beaucoup mais je n'apprécie pas la méthode. Je vais alors dans une bijouterie et même si le taux est un peu moins favorable, la transaction est claire.

 

Maintenant que j'ai des dollars et des kyats, je peux aller acheter un vélo. Je demande au patron de l'hôtel où je loge  de m'indiquer des adresses de marchands de vélo. A Rangoon comme souvent en Asie les quartiers sont spécialisés. L'inconvénient c'est que si vous marchez au hasard dans les rues, vous avez peu de chance de tomber sur le magasin que vous cherchez. L'avantage c'est que (presque) toutes les boutiques vendant le même produit sont au même endroit et qu'il est ainsi possible de comparer.

Dans la rue qu'il m'a indiqué je trouve 3 marchands de vélo. Mon choix se porte sur le mieux achalandé. J'opte pour un VTT costaud, car je me doute que je vais devoir faire de la piste, que je fais équiper de porte-bagages à l'avant et à l'arrière. Au total il pèse près de 20 kg à vide. Avec les bagages ça fera un vrai char d'assaut mais qu'importe. 

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21 décembre - Rangoon - Nyaungdon

La difficulté pour sortir d'une grande ville est de trouver la bonne porte. En l'occurrence concernant Rangoon je n'ai qu'une carte imprécise et la communication avec les habitants n'est pas facile. Ils sont tous désireux de vous aider mais ils ne parlent que peu ou pas l'anglais et quand vous leur montrez une carte en pointant l'endroit où vous voulez aller, ils affichent un grand sourire et vous font signe qu'il faut aller tout droit ou à droite ou à gauche. En réalité ils n'en savent rien et leur rire leur sert surtout à ne pas perdre la face. Ils préfèrent vous envoyer n'importe où plutôt que d'avouer qu'ils ne savent pas ou qu'ils ne vous ont pas compris. Il est vrai aussi que ma prononciation des noms de lieu birmans est approximative ce qui n'aide pas.

Quoi qu'il en soit, à l'aide de ma carte, de ma boussole (c'est toujours utile d'avoir une boussole pour s'assurer qu'on est en gros dans la bonne direction) et des renseignements glanés auprès des passants, je finis par trouver la route de Nyaungdon. Elle est en bon état, c'est déjà ça.

Etant parti relativement tard de mon hôtel et ayant perdu du temps à chercher ma route, sans compter que je manque cruellement d'entraînement et que je n'avance pas vite, je n'ai fait qu'une soixantaine de km en fin d' après-midi et il me faut songer à chercher un hôtel. Je le trouve à l'entrée de Nyaungdon.

Nous ne sommes pas loin de Rangoon et pourtant c'est déjà un autre monde. Ici pas de touristes, les gens sont tout étonnés de voir un blanc, surtout sur un vélo, moyen de transport des pauvres en Birmanie et un blanc pour eux est forcément riche.

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Un père birman me désigne à ses enfants qui voient un blanc pour la première fois

 

A l'hôtel le réceptionniste me demande mon passeport et me dit d'attendre. Comme je l'apprendrai par la suite, il doit d'abord demander l'autorisation au fonctionnaire local chargé de l'immigration l'autorisation de m'accueillir dans son hôtel. Quand il revient il me fait remplir les formulaires habituels, me demande de régler le prix de la chambre soit 1.100 kyats (ce qui fait 1 €) et me donne une bougie. Je comprendrai vite pourquoi. A partir de 20h l'électricité est coupée et il ne reste plus que la bougie pour s'éclairer.

Evidemment pour 1 € il ne faut pas s'attendre à une chambre 5 étoiles. En dehors des lieux touristiques il n'y a que des hôtels pour Birmans qui de toute façon n'auraient pas les moyens de payer plus. Mais enfin la chambre est propre même si elle est petite et dépourvue de salle de bain individuelle. Elle est bruyante aussi car les cloisons sont minces mais j'ai la chance d'avoir des voisins calmes, tout au moins à l'intérieur de l'hôtel car dans le temple voisin il y a une fête religieuse avec une sono criarde. Je pensais qu'avec la coupure d'électricité du soir le calme allait revenir mais non. Elle continue de fonctionner, avec un générateur probablement. Ce n'est que ce soit désagréable d'entendre des chants et des prières bouddhistes mais pas à 3 heures du matin. Si les moines se mettent aussi à faire des raves nocturnes, où va-t-on ? 

 

 

22 décembre - Nyaungdon - Yegyi

Aujourd'hui encore je ne pourrai pas partir très tôt car il faut que j'attende que le gérant de l'hôtel me rende mon passeport qu'il a confié à l'officier d'immigration. D'un autre côté comme j'ai mal dormi pendant la nuit, je ne suis pas trop pressé de prendre la route.

Le centre ville se trouve sur le bras principal du delta de l'Irrawidi le grand fleuve de Birmanie. Je peux apercevoir vers le sud au loin un grand pont qui permet de l'enjamber mais comme il faudra que de l'autre côté j'aille vers le nord, je descends sur la rive pour voir s'il n'y a pas un ferry qui m'éviterai le détour. Bonne pioche. Il y a là plusieurs bateaux qui attendent que les gens aient fini leur marché pour les emmener de l'autre côté. Je fais comprendre par gestes, car personne ne parle anglais, que je veux traverser et l'on m'indique le premier bateau en partance.

A bord l'ambiance est conviviale. Comme j'aurai l'occasion de le remarquer plusieurs fois par la suite, les Birmans sont très chaleureux avec les étrangers lorsqu'ils sont en petit comité. Par contre dans la rue ils sont méfiants et il y a de quoi. Il est leur est interdit de parler aux étrangers sauf pour leur indiquer leur chemin ou échanger des banalités. La barrière de la langue rend de toute façon la communication difficile mais même ceux  qui parlent bien anglais, il y en a, se méfient des grandes oreilles du pouvoir.

 

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De l'autre côté du fleuve c'est la brousse. Il n'y a qu'une piste pour desservir l'embarcadère qui se trouve aussi être le débarcadère dans le sens où je vais. La route principale, d'après ma carte, doit se trouver non loin sauf qu'en haut je ne trouve qu'une piste qui longe le fleuve. Comme je dois aller vers le nord j'essaie de ce côté mais son état ne fait qu'empirer. Pas la peine d'insister. Mieux vaut que je fasse demi-tour et que j'aille chercher le pont au sud. Je me dis que la grande route y passe et qu'au pire je la trouverai là si ce n'est avant. Avec une carte imprécise ce n'est pas la peine de chercher des raccourcis qui se révèlent souvent être plus longs.

Je trouve enfin le goudron et je peux rouler à une allure normale quoique peu élevée car je manque toujours d'entraînement. Comme la route est bon état je me régale. Je sais que je dois tourner à gauche pour aller vers Yegyi  mais je ne m'inquiète pas, il n'y a de route à gauche si ce n'est une piste dépourvue de toute pancarte, mais les km défilent et toujours pas de route sur la gauche. Je dois me rendre à l'évidence. Il fallait prendre la piste pour aller sur Yegyi. 

Avec tout çà le temps passe. Il est déjà midi sonné et mon petit déjeuner est déjà loin. Comme je suis arrivé dans un village je m'arrête dans un petit restaurant, où le patron me confirme que je suis sur la mauvaise route, et je fais demi-tour non sans avoir fait le plein de mon réservoir à calories.

Revenu sur la bonne route, façon de parler, c'est déjà le début de l'après-midi et, alors que Yegyi est encore loin et qu'il ne reste plus que quelques heures de jour, j'avance lentement sur une piste très dégradée. De temps en temps je croise ou me fais doubler dans un nuage de poussière par un camion-bus, plus camion que bus, et je me dis que c'est peut-être la solution pour arriver à l'étape avant la nuit.

Je fais signe au suivant. Il s'arrête et avant que j'aie pu demandé quoi que ce soit, mon vélo est hissé à bord par les passagers. Ambiance conviviale comme il se doit. On avance pas bien vite mais enfin on avance, c'est une évidence, on avance. Pas longtemps cependant car le bus ou plutôt le camion est victime d'une crevaison. Les passagers ne sont pas surpris, c'est semble-t-il fréquent et je comprends quand je vois l'état des pneus usés jusqu'à la corde. Le soleil baisse à l'horizon et la réparation prend du temps. Il faut démonter la roue ce qui prend du temps avec des outils archaïques puis je comprends que la roue de secours est elle-même hors d'usage, donc il faut encore attendre le passage d'un autre bus de la compagnie qui pourra peut-être prêter la sienne.

 

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Dans ces conditions je préfère continuer à vélo. J'ai bien fait semble-t-il car une heure plus tard le camion-bus ne m'a toujours pas rejoint mais la nuit tombe, rapidement comme toujours sous les tropiques, et je ne suis pas encore arrivé à l'étape.

Un malheur n'arrive jamais seul. Il peut aussi s'accompagner d'un bonheur. En l'occurrence, alors que je ne distingue presque plus la piste, le goudron réapparaît, signe que la ville n'est plus très loin. Je demande aux conducteurs de 2 vélos-taxi combien il reste de miles, l'unité en vigueur ici car nous sommes dans une ancienne colonie britannique. Cinq me font-ils comprendre de la main. Je me garde bien de les doubler. D'une part ils vont presque aussi vite que moi malgré leur chargement et leurs vélos rudimentaires, d'autre part et surtout ils connaissent la route par cœur et quand ils font un crochet cela signifie qu'il y a un nid de poule que je n'aurais jamais pu voir dans l'obscurité.

 

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Un de mes guides vélo-taxi avec ses clients

 

A l'entrée de Yegyi je leur demande où je peux trouver un hôtel. Gentiment ils m'y conduisent. C'est probablement le seul hôtel de la localité, au confort toujours aussi spartiate et au prix toujours aussi dérisoire. Il est même 2 fois moins cher que la veille, c'est à dire un demi euro au lieu d'un euro.

 

 

23 décembre  - Yegyi - Ngathaingchaung

Ce matin ce n'est pas la forme. Je ne peux rien avaler au petit déjeuner et j'ai les jambes en coton.  A peine sorti de la ville je dois faire un arrêt dans les buissons pour me soulager. Je suis victime de la tourista. C'est la première fois depuis 4 ans que je randonne en Asie que ce genre d'incident m'arrive.

Je fais tout de suite le lien avec le repas qui m'a été servi la veille au soir à l'hôtel. J'étais bien content de me restaurer après une journée éprouvante et l'hôtelière a fait ce qu'elle a pu pour me trouver quelque chose à manger mais certains des ingrédients ne devaient pas être bien frais. Je soupçonne les œufs en particulier.

Je prends l'anti-diarrhée qu'il faut toujours avoir dans sa trousse de secours quand on est sous les tropiques mais son effet n'est pas immédiat. Je me traîne jusqu'à Ngathaingchaung qui n'est qu'à 15 km sur un bras secondaire de l'Irrawidi. Il est à peine 11h mais j'hésite à aller plus loin. Ma carte m'indique que je dois traverser une barrière montagneuse dans laquelle je ne risque guère de trouver un hôtel et dans l'état où je suis, ce serait folie que de tenter l'aventure.

Je me trouve un endroit tranquille au bord du fleuve pour faire une sieste avant l'heure. Dans l'après-midi je me sens un peu mieux mais évidemment il est trop tard pour songer à attaquer la montagne. Je reviens vers le centre ville pour chercher un hôtel. Je verrai demain pour poursuivre mon périple en espérant que je pourrai partir tôt.

 

24 décembre  - Ngathaingchaung - Gwa

Evidemment ça traîne un peu pour que je récupère mon passeport mais enfin je n'ai pas perdu trop de temps. Le soleil n'est pas encore bien haut quand je traverse le bras de l'Irrawidi qui m'a vu presque agoniser la veille. J'ai retrouvé la forme. Le check point à l'entrée du pont semble désert. Je passe sans m'y arrêter mais de l'autre côté un soldat, arme au poing me barre la route. Il n'a pas l'air de plaisanter. Je dois donc montrer mon passeport. Je ne comprends rien à ses vociférations mais je devine qu'il me reproche de me n'être pas arrêté de l'autre côté. J'en suis quitte pour une petite frayeur. Ca peut être pratique parfois de ne pas parler la langue du pays.

Sur une quinzaine de km tout va bien. La route est à peu près bonne et plate. Au pied de la montagne, il en va autrement. Elle se transforme en piste et je dois subir la double peine de la pente et des nids de poule. Dans les montées ce n'est pas trop grave encore car de toute façon je ne peux aller vite, parfois même je dois mettre pied à terre quand la pente est trop sévère. Les routes ici, ancienne colonie britannique oblige, ont été construites à l'anglaise c'est à dire avec peu de lacets pour adoucir l'ascension. Dans les descentes c'est pire car je dois freiner à mort pour ne pas prendre trop de vitesse et pouvoir ainsi éviter les trous. C'est rageant de ne pas pouvoir rattraper le temps perdu dans les montées.

Bien qu'en Birmanie je suis dans des montagnes russes, c'est à dire qu'on ne monte jamais bien haut mais les côtes et les descentes se succèdent, toutes aussi raides les unes que les autres sans que l'on ait l'impression d'arriver quelque part.

 

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Dans la montagne birmane où subsiste encore un peu de forêt primaire, il n'est pas rare de croiser des camions chargés de bois tropical précieux, précieux surtout pour l'armée.

En milieu d'après-midi je pense être arrivé au sommet de la montagne. Il est vrai que le lieu ressemble à un col mais je commence à connaitre les montagnes de l'Asie du sud-est. La notion de col y est toute relative. De fait, après une bonne descente, et alors que le soleil descend lui aussi à l'horizon, je dois monter à nouveau le long d'une piste qui ne fait qu'empirer.

 

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Les montagnes ne sont jamais très hautes mais toujours difficiles à traverser à vélo

Quelques montées et descentes plus loin, à la tombée de la nuit, j'arrive dans un village, quelques maisons de part et d'autre de la piste mais aucune qui ne ressemble à un hôtel. Un habitant à qui je demande si Gwa est encore loin me rassure. Ten miles. Oui mais j'ai appris à me méfier des indications des locaux. Pour eux la ville n'est jamais loin. Pourvu qu'il ne soit pas trop optimiste car si effectivement il ne reste qu'une quinzaine de km je n'aurai pas longtemps à rouler de nuit.

Deux heures plus tard alors qu'il fait nuit noire et que, même si je ne vais pas bien vite, j'ai bien dû faire les 10 miles, je suis toujours en pleine brousse. J'entends tout près de moi des cris d'animaux que j'identifie comme provenant de chacals. Je ne peux pas en être sûr car c'est la première fois que j'entends ce genre de cri qui me glacerait le sang si j'étais peureux.

De temps en temps j'aperçois en contrebas des lumières vacillantes qui dénotent un village. Evidemment ici il n'y a pas l'électricité et même si elle arrivait jusqu'ici, il doit déjà être plus de 20h, l'heure du couvre-feu. Quand je pense qu'en Europe on prépare le réveillon de noël ! Certes, avec le décalage horaire, il n'est que 14 ou 15h GMT mais tout de même. Drôle de réveillon que le mien ! Je n'ai plus rien à manger ni à boire. Heureusement qu'avec la nuit la chaleur s'est atténuée.

Enfin une boutique en bord de route. Je peux acheter de l'eau et quelques sucreries et me renseigner sur la distance qui me reste à parcourir. Je suis à l'entrée de Gwa me dit la marchande. Je veux bien le croire car depuis peu le goudron est réapparu et les maisons se font plus nombreuses. Il n'empêche qu'il faut encore que je trouve un hôtel ce qui n'est pas chose aisée dans une ville plongée dans l'obscurité et quasi déserte.

Au total je n'ai fait que 120 km en 14h dont 4h de nuit ce qui n'est déjà pas si mal compte tenu de l'état des routes, de mon entrainement encore insuffisant et de ma forme encore précaire.

 

  

25 décembre  - Gwa - Tainggye

Comme je commence à en avoir l'habitude je dois attendre le matin avant de récupérer mon passeport ce qui me permet de récupérer après la dure journée de la veille qui était aussi veille de noël.

D'après ma carte, Gwa doit se trouver sur le golf de Bengale mais je ne vois pas la mer. Elle doit se trouver à quelques km seulement vers l'ouest mais je préfère mettre le cap au nord vers Tainggye. Je finirai bien par la trouver. Effectivement, après 2 h de route, ou plutôt de piste, elle s'offre à moi au détour d'un virage. Le spectacle est magnifique, pas dans l'absolu car comme je le verrai plus tard il y a des sections de côte plus belles encore, mais la beauté est d'abord dans le regard que l'on porte à un site et ce site je l'ai mérité. De la même façon qu'un panorama au sommet d'un col est beaucoup plus joli aux yeux d'un cycliste qu'à ceux d'un automobiliste, celui que je découvre est sublime. Je suis arrivé là à la seule force de mes jambes et de mon mental malgré des conditions difficiles et j'ai conscience d'avoir réalisé un exploit à mon modeste niveau, car bien sûr il est probable que d'autres cyclistes aient fait le même trajet en moins de temps.

 

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Le long de la côte la qualité de la piste ne va pas en s'améliorant, elle va même en empirant quand j'aborde un passage en travaux. Je dois mettre pied à terre pour franchir une section où des pierres viennent d'être déposées mais j'aurais mauvaise grâce à me plaindre quand je vois les ouvriers au travail. En fait d'ouvriers il s'agit de femmes et d'enfants pour la plupart, contraints d'entretenir la route qui passe à côté de leur village. Peut-être sont-ils payés pour ce faire, je n'en suis même pas sûr et de toute façon s'ils le sont c'est avec un salaire de misère, le salaire de la peur de la répression militaire. Nous sommes sur le territoire des Rakhines qui ne constituent pas la minorité la plus réprimée du pays mais tout de même.

 

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Esclavagisme moderne. Un groupe de femmes chargé d'entretenir la route à proximité de son village

J'arrive à Tainggye en début d'après-midi. J'aurais le temps de continuer encore un peu mais comme les hôtels sont rares et que j'en aperçois un à l'entrée du village, je préfère jouer la sécurité.

En fait d'hôtel il s'agit plutôt d'un village de vacances en bordure de plage, sous les cocotiers exactement. L'endroit serait idyllique s'il n'était tenu par l'armée comme en témoigne une stèle à l'entrée en l'honneur des militaires birmans mais comme le lieu est désert si ce n'est la présence du concierge je loue une chambre pour la nuit. Evidemment j'ai conscience de financer indirectement une institution que je désapprouve  car le prix est élevé pour la région mais enfin je n'ai pas le choix.

Finalement il n'y aura pas d'autres visiteurs à passer la nuit ici et je peux contempler un superbe coucher de soleil sur le golf de Bengale dans une tranquillité absolue. 

26 décembre  - Tainggye - Kyeintali

La route vers le nord est toujours aussi mauvaise. Je ne peux pas aller bien vite et en plus voilà que je suis victime d'une crevaison. J'ai une chambre à air de rechange mais je perds pas mal de temps à réparer. Je n'ai pas fait 10 km que je crève à nouveau. Comme je viens de traverser un village, je me dis que ce sera sans doute rapide de trouver le mécano du coin sauf qu'il habite du mauvais côté et que je dois faire plusieurs km à pied.

La réparation effectuée je repars vers le nord et quand j'arrive dans le bourg de Kyeintali il est déjà plus de midi alors que je n'ai progressé que de 50 km. Comme toujours en milieu de journée je tente ma chance pour essayer de trouver un hôtel. Je demande à un cycliste. Il me répond que l'hôtel le plus proche est à Thandwe à 30 miles de là. Comme je sais que les Asiatiques ont tendance à sous-estimer les distances je me dis que ça doit bien faire 70 km et que je n'ai aucune chance d'y arriver avant la nuit vu l'état de la route.

Mon informateur, qui parle bien anglais, me dit de ne pas m'inquiéter, il trouvera une solution et m'invite au café. Dans la conversation je comprends qu'il dirige une école privée et que parmi ses élèves il a le fils de l'officier de l'immigration mais il ne veut pas en dire trop car en Birmanie il peut toujours y avoir des oreilles indiscrètes et en principe les Birmans n'ont pas le droit de parler aux étrangers et encore moins celui de les recevoir chez eux.

C'est ce qu'il fait cependant après avoir sollicité l'autorisation de l'officier de l'immigration à qui il a remis mon passeport. Chez lui il est plus bavard. Il m'explique qu'en plus de son école, il dirige un groupe de militants écologistes qui s'efforce de préserver la nature, activité hautement subversive puisque les atteintes à l'environnement sont souvent directement ou indirectement le fait de l'armée. Ce sont par exemple les militaires qui exploitent et exportent le bois précieux des dernières forêts tropicales primaires ou qui ferment les yeux, moyennant finance, sur le braconnage d'animaux protégés.

 

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Mon ami écolo dans son école. Est-il encore en liberté ou croupit-il dans une geôle birmane comme tant d'autres prisonniers politiques ? Je lui ai écrit 2 fois mais n'ai pas eu de réponse.

 

Il n'y a pas beaucoup d'élèves dans ce collège et la plupart sont internes. Le soir je partage le repas, frugal, fourni par l'établissement, et comme je propose de payer ma part, le directeur refuse et me propose à la place de donner un cours d'anglais à ses jeunes. J'accepte d'autant plus volontiers que je suis du métier même si c'est toujours difficile de faire cours à des gens dont on ne connait pas le niveau. De toute façon me prévient-il le cours ne pourra durer longtemps car l'électricité sera coupée dans environ une heure.

Effectivement, comme chaque soir, le couvre-feu intervient vers 20 h et il faut penser à aller se coucher. Il me montre mon lit dans le dortoir des garçons. En fait de lit il s'agit d'une simple planche recouverte d'un tissu mais je ne vais pas me plaindre, je suis logé à la même enseigne que les collégiens et après une journée de vélo, on peut dormir n'importe où.

Dormir n'importe où oui mais pas forcément très longtemps. Au milieu de la nuit je suis réveillé par des cris et chuchotements, en réalité ce ne sont que chuchotements mais la nuit tout prend des proportions et je me dis que ce doit être une descente de police car je vois des ombres s'affairer autour de mon vélo que j'avais rentré dans le dortoir. Je m'inquiète. Pas tellement pour moi car je suis entré légalement en Birmanie et la police ne peut pas me reprocher grand chose, mais pour mon hôte qui a enfreint la loi en accueillant un étranger dans son école.

Lorsque les "policiers" s'éloignent en prenant avec eux la pièce à conviction, je me lève et demande à un garçon qui dormait à côté où est passé mon vélo. Il ne comprend pas, ou fait semblant de ne pas comprendre ma question. Comme le calme est revenu je retourne me coucher en me disant qu'on verra bien le lendemain.

Au lever du jour je constate que mon vélo est revenu à sa place. Ce n'est qu'une demi surprise car peu de temps après m'être recouché j'avais entendu que des élèves l'avaient remis en place et j'avais alors compris qu'ils avaient profité de mon sommeil pour aller faire un tour sur un vélo moderne à leurs yeux. La tentation était trop forte pour des jeunes privés de tout. Bien entendu je n'ai rien dit au directeur pour leur éviter une éventuelle punition.

 

 

27 décembre  - Kyeintali - Napoli

Au moment de partir je m'aperçois que ma roue arrière est à nouveau à plat. Ce n'est guère surprenant vu l'état des routes et ce n'est pas nécessairement la faute des jeunes qui m'ont emprunté mon vélo pendant la nuit. De toute façon je dois attendre que le directeur aille rechercher mon passeport chez l'officier de l'immigration ce qui me laisse le temps de trouver un mécanicien.

Un dernier thé au café du coin pour sceller les adieux avec mon ami écolo qui m'apprend qu'il est convoqué au commissariat pour avoir hébergé un étranger. Il n'a pas l'air inquiet mais j'espère qu'il n'aura pas d'ennuis à cause de moi.

D'après mes calculs et les renseignements que j'ai pu obtenir, l'étape d'aujourd'hui devrait être courte mais j'ai appris à me méfier. La route est toujours aussi mauvaise et une heure après mon départ, toujours aussi tardif, je crève à nouveau. Le mécanicien sur lequel je tombe après un petit km de marche à pied me répare la crevaison mais surtout me fait remarquer que ma chambre à air est attaquée en de nombreux points qui correspondent aux têtes de rayons car elle n'est pas protégée par une mèche de fond de jante. En tant que vieux briscard de la route je m'en veux de n'y avoir pas pensé plus tôt. Ce problème que l'on connaissait il y a 30 ou 40 ans quand la mèche de coton qui équipait nos roues glissait sur le côté de la jante et ne remplissait plus son rôle protecteur avait pratiquement disparu avec l'apparition  de mèches synthétiques mais le problème ici était que le constructeur, chinois probablement, de mon vélo, n'avait pas mis de mèche du tout. Mon mécano en confectionne une avec un bout de ruban adhésif et me voilà reparti. et de fait ce fut ma dernière crevaison de la saison.

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Les mangroves (forêts qui s'avancent dans la mer) sont nombreuses sur la côte birmane

 

Avec tout ça je n'ai toujours pas beaucoup progressé en milieu de journée. Heureusement en milieu d'après-midi le goudron refait son apparition, signe que la ville ne doit plus être très loin. En fait je ne l'atteint qu'à la tombée de la nuit. Je me dis que ce doit être Napoli mais c'est Thandwe, petite ville qui se trouve à 10 km de la station balnéaire. Peu importe. J'avise un hôtel où je demande une chambre mais le réceptionniste me dit que je dois aller à Napoli car cet hôtel est réservé aux Birmans. J'ai beau lui dire que je suis à vélo et que je suis fatigué, il n'y a rien à faire. Il se renseigne auprès du directeur de l'établissement mais les consignes sont strictes, aucun étranger ne peut y séjourner. Si j'ai pu dormir plusieurs fois dans des hôtels pour Birmans c'est qu'il n'y avait pas d'hôtels pour touristes à proximité mais ici c'est différent puisque Napoli a été construite essentiellement pour les étrangers.  

28-29 décembre - Napoli

Cela ne fait qu'une semaine que je suis parti de Rangoon et pourtant j'éprouve le besoin de souffler un peu. Il faut dire que les conditions ont été difficiles et que je manquais cruellement d'entraînement.

De toute façon il n'y a guère moyen d'aller loin à partir de Napoli sauf à revenir par le même chemin car il n'y a qu'une route, celle qui longe la côte. Demain je la prendrai vers le nord. Aujourd'hui je me contente de visiter Napoli. Il n'y a pas grand chose à voir en fait. La station se compose d'une rue unique qui s'étire sur plusieurs km avec des hôtels plus ou moins luxueux qui donnent tous sur la plage. Tout au bout cependant je découvre un village de pêcheurs qui mérite le détour. Les maisons sont simples mais belles et bien entretenues. Je passe un bon moment sur le port, on est tellement mieux ici qu'à se dorer la pilule sous les palmiers des hôtels.

 

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Je rentre à mon hôtel, l'un des plus petits de la station mais néanmoins luxueux comparé à ceux que j'ai trouvés à l'intérieur du pays, en suivant la plage, sur le sable mouillé au raz de la mer. C'est moins roulant que le goudron mais au moins il n'y a pas de nids de poule, pas même de poule d'eau. je n'ai guère fait de km mais après tout c'était une journée de repos. Je me rattraperai demain.

Le lendemain je prends l'unique vers le nord. Je sais qu'il faudra que je revienne par le même chemin ce qui n'est pas très motivant d'autant plus que le revêtement est toujours aussi mauvais, aussi quand un chemin qui m'a l'air sympa vers la gauche se présente, je le prends. Même s'il n'y a rien d'autre je verrai au moins la mer.

Je finis par arriver dans un village qui est sans doute le plus beau qu'il m'ait été donné de voir en Asie. Bien souvent les matériaux traditionnels ont été remplacés par de la tôle pour les toitures et du parpaing pour les murs. Ici rien de tel. Les habitants sont doute trop pauvres pour pouvoir acheter quelque matériau que ce soit et ils font avec les ressources locales, bambou tressés et roseaux. Comme quoi l'absence de progrès a parfois du bon.

 

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J'ai envie de parler avec les habitants, de visiter l'intérieur de leurs humbles demeures si jolies mais je sais qu'ils n'ont pas le droit de recevoir des étrangers et je ne veux pas les mettre en difficulté. Même dans un petit village comme celui-ci le pouvoir a probablement un informateur.  

Revenu sur la route principale je dois choisir entre poursuivre vers le nord ou rentrer à l'hôtel pour faire la sieste. J'opte pour la solution de facilité et tant pis pour les kilomètres. Je me rattraperai plus tard sur les belles routes de Thaïlande.

 

 

30 décembre - Napoli - Rangoon

 Au départ j'avais prévu de faire une boucle, de poursuivre ma route vers le nord jusqu'à Toungup à une journée de vélo, puis de retraverser la montagne pour atteindre Oke Shit Pin et ensuite descendre jusqu'à Rangoon en suivant l'Irrawady mais un jeune Français que je rencontre à Thandwe et qui fait des études pour devenir moine bouddhiste me déconseille cet itinéraire. D'après lui la route est encore plus mauvaise et désertique que celle que j'ai prise pour venir. Je sais d'expérience que les non cyclistes ont tendance à penser que là où ils sont passés, aucun cycliste ne pourra le faire mais il faut croire que je ne demandais qu'à être convaincu après la semaine difficile que j'avais passée.

 

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Je décide donc de rentrer à Rangoon en bus, il serait plus exact de dire en autocar car normalement le terme "bus" en français est réservé au transport urbain même si sous l'influence de l'anglais il en est venu à désigner également le transport rural.

31 - 33 décembre - Rangoon

Je refais exactement la route que j'avais prise pour venir. Je suis le seul européen dans le car. Il faut croire que les nombreux touristes de Napoli prennent l'avion. C'est vrai que le car met une quinzaine d'heures pour rallier Rangoon sur de mauvaises routes, j'en sais quelque chose, et que si le confort à bord est acceptable pour la Birmanie, il est loin d'être de niveau international. Ce n'est d'ailleurs pas plus mal car il n'est pas sûr qu'on aurait accepté, sur un bus dernier cri, de prendre mon vélo. Celui-ci trône au milieu des paniers de crabes destinés aux marchés de la capitale. A l'arrivée, au petit matin, mon vélo est toujours à sa place mais pas les crabes. Il y en a partout dans le car, sauf dans les paniers où ils avaient été enfermés. 

Après une sieste bien méritée car je n'avais pas beaucoup dormi dans le car transformé en panier de crabes, je me rends dans les quartiers ouest de Rangoon dans l'espoir d'apercevoir la maison où Aung San Suu Kyi est assignée à résidence, mais tout le quartier est bouclé par l'armée. J'essaie d'accéder par des chemins détournés mais il n'y a rien à faire. La prix Nobel de la paix est coupée du reste du monde. Il faut dire que l'opposante à la junte birmane faisait peur au régime car elle rassemblait des milliers de partisans devant sa maison et les militaires ont réagi en en bloquant l'accès.

Le premier janvier n'est guère fêté dans les pays bouddhistes où le nouvel an tombe en avril. Dans les endroits touristiques cependant, comme à Rangoon, certains restaurants proposent un menu spécial , ne serait-ce que pour attirer les touristes. Je préfère partir en vélo vers le delta de l'Irawaddy.

Rangoon n'est pas située directement sur le delta mais le canal de Twante l'y relie et je décide de suivre ce canal sur une vingtaine de km. C'est dur de se motiver quand on n'a pas d'objectif précis. 

Sans le savoir je suis au cœur d'un endroit qui allait être ravagé 5 mois plus tard, le 6 mai 2008, par le typhon Nargis, l'un des plus meurtriers qu'ait connu l'Asie du sud-est. Si Rangoon a été relativement épargnée, ce n'est pas le cas du delta et c'est d'autant plus rageant de savoir qu'il y a eu plusieurs dizaines de milliers de victimes alors que les Japonais avaient prévenu les autorités birmanes de l'imminence du cyclone et que celles-ci n'ont rien fait pour alerter la population. Pire, après le désastre, elles ont refusé l'aide internationale et ont tardé à porter secours aux survivants.

 

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Ce paysan et ses buffles ont-ils survécu au cyclone qui a dévasté la région 5 mois plus tard ?

Le lendemain changement de direction. Je remonte la rivière de Rangoon, histoire de voir si au nord c'est mieux qu'à l'ouest. A la sortie de la ville je pense passer de l'autre côté du fleuve mais à un poste de contrôle à l'entrée du pont, un soldat me barre la route. J'essaie de savoir pourquoi mais je n'obtiens pas de réponse. Tout le monde peut passer sauf moi et devant l'air menaçant du militaire je n'insiste pas et fais demi tour. De toute façon je n'avais pas l'intention de rouler beaucoup mais je préfère faire demi-tour à ma propre initiative qu'à celle d'un homme en uniforme.

 

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Les vélos taxi à Rangoon sont légion 

  

3 janvier 2008 - Rangoon - Chiang Mai

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Une dernière visite au grand temple de Rangoon, haut lieu du bouddhisme birman

 

Je ne suis pas fâché de quitter la Birmanie. Les Birmans sont des gens charmants et le pays est magnifique mais le poids de la dictature se fait constamment sentir. Les rares fois où j'ai pu parler librement, c'était avec des cyclistes isolés car alors ils savent que personne n'ira les dénoncer.

Dernière surprise, l'avion birman dans lequel je prends place pour la grande ville du nord de la Thaïlande est propulsé par des hélices alors qu'il s'agit d'un moyen courrier avec une centaine de passagers. Je ne suis qu'à moitié rassuré mais le vol se passe sans encombre.

Je me dis qu'un jour je reviendrai en Birmanie, lorsque la dictature militaire aura disparu. Ce n'est sans doute pas pour demain.

 

 

 



08/09/2013
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