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i- AU COEUR DES ETOILES Kanchanaburi กาญจนบุรี

Comme indiqué par ailleurs, il n'y a pas beaucoup de lieux qui se prêtent à la randonnée en étoile en Asie du sud-est. Idéalement celui-ci doit se trouver dans une petite ville à partir de laquelle on doit pouvoir réaliser une dizaine de circuits différents dans un paysage varié et sur des routes en bon état.

Le premier lieu présenté ne réunit pas tous ces critères, notamment en matière du nombre de circuits mais il n'en est pas loin.

Comme pour le voyage itinérant, il convient de partir dès le lever du jour, vers 6h du matin pour profiter au mieux de la fraîche, et de rouler jusqu'à midi environ, plus ou moins selon que l'on supporte ou non la chaleur. Evidemment dans ce laps de temps certains font faire moins de 50 km, d'autres plus de 100. A chacun sa vérité. Tout dépend de sa forme et de ses envies du moment.

Dans ces conditions il est difficile de proposer des circuits formatés avec une distance précise. Je me contenterai de donner des indications générales sur les directions à prendre, les lieux à voir et les difficultés à attendre.

Il ne faut pas non plus se polariser sur la notion de circuit. S'il est vrai que le cycliste aime bien revenir à sa base par un chemin différent de l'aller, rien ne sert d'en faire un dogme. Quand on est sur de petites routes dans une région inconnue, qui plus est à l'étranger avec une signalisation incompréhensible ou défectueuse, il n'y a pas de déshonneur à revenir par la même route. Cela peut éviter de se retrouver loin de sa base en pleine chaleur ou pire, en pleine nuit. Pour ma part, dans ce cas je me fixe un objectif (car il est vrai que lorsqu'on randonne en étoile on a tendance à tomber dans la fainéantise) et lorsque je suis arrivé à mi-parcours, je rebrousse chemin. Evidemment ceci implique de bien repérer le chemin aller, en particulier lors des changements de direction. On pourra pour ce faire s'aider des sites naturels, collines, rivières etc...  

 

KANCHANABURI, THAILANDE  (กาญจนบุรี)

Kanchanaburi se trouve à 150 km à l'ouest de Bangkok sur la rivière Kwaï (qu'il vaudrait mieux transcrire "Kwae", plus proche de la prononciation thaï car "Kwaï" signifie "buffle" et le nom de la rivière n'a rien à voir avec l'animal emblématique de l'Asie).

Si vous avez amené votre bicyclette avec vous depuis l'Europe, mieux vaut vous rendre à Kanchanaburi en train depuis la gare de Thonburi, au centre ouest de Bangkok car les bus n'acceptent pas toujours les bagages encombrants. Je ne conseille pas de sortir de Bangkok à vélo. C'est vraiment galère. Outre qu'il faut trouver la bonne route, la N 4 en l'occurrence, il faut traverser le périph ce qui n'a rien d'évident pour un cycliste qui ne connait pas les lieux.

Ceux qui ont décidé d'acheter une bicyclette sur place trouveront un bon magasin spécialisé derrière le cimetière militaire dans le centre de Kanchanaburi. Evitez les vélos de location car ils ne sont pas adaptés à la randonnée.

Kanchanaburi est une ville moyenne qui attire beaucoup de touristes venus voir le célèbre pont qui n'a rien d'exceptionnel au plan architectural mais qui présente un intérêt historique incontestable notamment pour les personnes qui s'intéressent à la seconde guerre mondiale.

 

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 Au premier plan, un vélo de location, à éviter, au deuxième plan le célèbre pont de la rivière Kwaï que l'on peut également éviter

 

Cet afflux de touristes n'est guère gênant pour le cycliste car ils se concentrent aux abords du pont alors qu'il y a tant d'autres choses à voir dans la région lorsqu'on a la chance de pouvoir se déplacer de façon autonome.

Comme pour les autres propositions d'itinéraires je ne dirai presque rien des lieux qui sont décrits en long en large et de travers dans les guides touristiques mais je conseille tout de même d'aller voir le musée consacré à la construction, par les prisonniers de guerre, de la fameuse ligne de chemin de fer entre la Thaïlande et la Birmanie. Il se trouve sur la rivière à l'entrée du grand temple du centre ville qui lui aussi mérite une visite. En s'y rendant dès le début de son séjour on s'imprégnera ainsi mieux de l'esprit des lieux et, pour ceux qui ont vu le film "le pont de la rivière Kwaï", ce sera l'occasion de rétablir une vérité historique un peu malmenée par les besoins du cinéma.

 

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C'est le genre de visite qu'il faut faire l'après-midi alors que la chaleur étouffante qui règne à la latitude de Bangkok ne permet guère de rouler.

COMMENCER PAR L'EST

A Kanchanaburi ce n'est pas compliqué, les montagnes sont à l'ouest et la plaine à l'est. Si vous arrivez d'Europe avec peu d'entrainement, ce qui est souvent le cas alors qu'on part sous les tropiques en plein hiver, vous aurez intérêt à commencer par la plaine pour vous faire les jambes.

LA VALLEE DU MAE KLONG

Le Mae Klong est le nom donné à la rivière Kwae après le confluent de Kanchanaburi où la Kwae Noï (la petite Kwae) et la Kwae Yai (la grande Kwae) se rejoignent. Dans un premier temps il coule plein est en direction de Bangkok avant de piquer plein sud avant la ville de Nakhon Pathom. Cette dernière se trouve à 70 km de Kanchanaburi, donc difficile de songer à un aller et retour dans la journée mais il reste la solution d'y séjourner une nuit ou de faire demi-tour avant d'y arriver.

 

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On sortira de kanchanaburi par la N 323, la route de Bangkok, pendant 2 km et on prendra à droite pour passer sur la rive droite du Mae Klong. Ensuite il n'y a plus qu'à suivre la rivière aussi longtemps que l'on veut sur une petite route tout à fait agréable et trouver un pont pour repasser de l'autre côté et rejoindre la 323 pour revenir au bercail.

Sur la 323 il ne faut pas s'attendre à voir grand chose. Elle est bien roulante et c'est déjà bien, surtout si on est à la bourre pour rentrer. Par contre sur la petite route qui borde la rive droite du Mae Klong, il y a plein d'occasions de céder à la tentation de s'arrêter.

 

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Le cimetière chinois sur le Mae Khlong

 

 

A vous de voir si vous voulez faire des pauses dès le matin au risque de mettre votre compteur journalier au chômage partiel ou revenir l'après midi après la sieste car le cimetière chinois est à seulement 5 km de Kanchanaburi et le méga wat Tham (wat est le nom thailandais pour désigner un temple bouddhiste) à 15 km, sans parler des autres wats qui jalonnent le parcours.

 

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Le temple de Tham

 

 

Comme partout dans le monde, la religion dominante a accaparé les sites géographiques à son profit, pitons rocheux, grottes etc... Ici les wats sont presque tous à flanc de montagne calcaire avec, cerise sous le gâteau, une grotte à proximité. Un cyclotouriste thailandais ( oui, il y en a et de plus en plus) m'a fait découvrir une grotte de toute beauté, avec plein de stalagmites de stalactites et de chauve-souris près d'un mini wat à seulement 12 km de Kanchanaburi.

 


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Ce serait trop compliqué d'en expliquer ici le chemin d'autant plus qu'il n'y a aucune pancarte que ce soit pour indiquer le wat ou la grotte.

Tout ça pour dire que le vélo permet de sortir des sentiers battus par les touristes motorisés et qu'il ne faut pas hésiter à lier langue avec les cyclotouristes locaux, en anglais bien sûr, même si leur anglais comme celui de beaucoup d'européens d'ailleurs, est souvent rudimentaire. Le vélo crée des liens et dès que le contact sera établi les cyclistes thailandais vous aideront du mieux qu'ils pourront.

 Sur la petite route qui borde la rive droite du Mae Klong vous serez tentés de bifurquer à droite par des routes plus avenantes les unes que les autres. Il n'est pas interdit de céder à la tentation mais attention, ce n'est pas parce que vous tournerez plusieurs fois à droite que vous réaliserez le circuit parfait qui vous ramènera à votre point de départ. Comme indiqué ci-dessus, le réseau routier secondaire est compliqué, les cartes imprécises, la signalisation rare et quand elle existe elle est rédigée en alphabet thaï. Il pourra vous être utile de faire appel à votre mémoire visuel et bien enregistrer comment s'écrit Kanchanaburi en thaï ( กาญจนบุรี ) mais tant que vous ne connaissez pas bien la région, mieux vaut revenir par le même chemin. 

AU NORD DE  กาญจนบุรี

Au nord-est de Kanchanaburi, en direction de Kamphaeng Saen, nous rentrons dans la plaine centrale, immense rizière irrigable qui est le grenier à riz de la Thaïlande et qui fournit entre 2 et 3 récoltes par an. En hiver on pourra y voir des cigognes échappées de la rigueur du froid sibérien et quantité d'autres oiseaux non migrateurs qui trouvent leur vie dans le riz en herbe.

Cette partie de la plaine centrale fourmille d'étangs. Pour y accéder il suffit de prendre à gauche sur l'une des routes qui débouchent sur la N 323, la route de Bangkok.

Ce qui est dit ci-dessus à propos de la rive droite du Mae Klong vaut évidemment ici sur sa rive gauche. Plutôt que de vouloir à tout prix réaliser un circuit au risque de se perdre dans les rizières, mieux vaut revenir par la même route.

Plein nord de Kanchanaburi, comme plein sud d'ailleurs, nous sommes dans une région de collines où il sera difficile d'éviter les côtes, courtes mais pentues parfois pour ne pas dire souvent. Il vaudra donc mieux attendre d'avoir des km dans les jambes avant d'aller dans ces directions à moins de monter les côtes à pied ce qui n'a rien de déshonorant. En allant vers l'ouest cela deviendra presque une nécessité.

A L'OUEST DE กาญจนบุรี

Difficile de se trouver des circuits journaliers vers l'ouest car les routes sont rares. On arrivera bien à s'en faire un en suivant la 323 vers la Birmanie pendant 30 km et en revenant par la 3229 sur la gauche mais c'est à peu près tout. Les autres circuits demandent 2 jours comme celui qui longe la voie ferrée historique jusqu'à Sai Yok (150 km AR) ou Nam Tok (190 km AR).

 

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Hôtel flottant sur la Kwae Noï

 

On pourra aussi suivre la vallée de la Kwae Yai  jusqu'à Si Sawat et contourner la montagne du Khao Kamphaeng (1250m) pour revenir à Kanchanaburi mais là il faut compter au moins 3 jours car il y a plus de 300 km et ce n'est pas plat.

L'INCONTOURNABLE COL DES 3 PAGODES 

Incontournable car il n'y a qu'une route pour y accéder. Il marque la limite avec la Birmanie mais  la frontière est fermée depuis des années pour cause de guérilla intermittente entre le peuple Karen et la junte birmane et il n'est pas sûr que le dégel politique qui semble se dessiner permette sa réouverture.

Quoi qu'il en soit, côté thaïlandais le calme règne et cela vaut la peine de suivre la 323 jusqu'à son terme des 3 pagodes. Ce n'est pas que ces pagodes sortent beaucoup de l'ordinaire mais au moins vous pourrez dire "j'y étais" et la région est de toute beauté quoique très difficile (ça va souvent ensemble!).

 

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Pour faire l'aller et retour depuis Kanchanaburi il y a 500 km, davantage encore si l'on s'autorise quelques détours. Les cartes mentionnent 200 km pour l'aller simple mais il ne faut pas les croire. Les cartographes mesurent les distances à la roulette, aujourd'hui probablement à la lecture optique sur ordinateur, sauf qu'en montagne les distances sont plus grandes sur le terrain que sur les cartes qui ne tiennent pas compte du surcroît occasionné par le dénivelé. On voit bien que les cartographes ne font pas de vélo car si l'automobiliste n'est pas à quelques km près, le cycliste peut l'être, surtout en fin d'étape. 

Avant d'arriver au col des 3 pagodes il vous faudra passer le col de l'enfer à 100 km de kanchanaburi. Il n'a d'enfer que le nom pour les cyclistes car il ne présente aucune difficulté particulière. Ce fut sûrement l'enfer pour les prisonniers de guerre australiens chargés de creuser une saignée dans la roche en 1943 pour  permettre le passage de la fameuse ligne de chemin de fer mais pour les cyclistes l'enfer est plus loin, entre Thong Pha Phum et Sangkhla Buri.

Il faut déjà préciser qu'entre ces deux localités distantes de 85 km, il n'y a que peu de possibilités d'hébergement et donc que l'étape sera relativement longue et difficile car le relief est défavorable.

La rivière Kwae Noï a été barrée par un méga ouvrage (qui mérite d'ailleurs une visite) à hauteur de Thong Pha Phum. La route et la voie ferrée qui suivaient de plus ou moins près la rivière ont été submergées. Il a donc fallu reconstruire une route plus au nord mais dans un paysage beaucoup plus accidenté et à la thailandaise, c'est à dire en suivant au plus près le terrain. Pas d'écrêtement de collines, pas de comblement de vallées et peu de lacets. Quand la route épouse le terrain, le cycliste n'est pas à la noce.

 

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Quand la route épouse le terrain, le cycliste n'est pas à la noce, les camions non plus

 

 On ne monte jamais bien haut le col des 3 Pagodes culmine à seulement 282 m mais la montagne thailandaise n'est pas les Alpes. Les pentes sont redoutables, 20 % voire plus alors qu'il est rare qu'on dépasse les 15% en France. Et quand vous êtes arrivé en haut, à vélo ou à pied selon que vous ayez ou non des bagages et le moral ou non dans les chaussettes, vous plongez de l'autre côté avec l'obligation de freiner à mort pour ne pas vous retrouver dans le ravin. Vous perdez en quelques secondes le bonus d'altitude que vous avez mis de longues minutes à gagner. De toute façon Thong Pha Phum et Sangkhla Buri sont situés à chaque bout du lac artificiel de Khao Laem, ce qui signifie qu'ils sont à la même altitude alors qu'à la fin de la journée vous croyez n'avoir fait que monter ou presque.

 

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Un bout du lac de Khao Laem

 

 Pour couronner le tout, même si la chaleur est un peu moins intense qu'en plaine, vous avez l'impression de pédaler ou de marcher dans un four à maxi ondes dès la fin de la matinée sur un parcours que de toute façon vous ne pourrez pas faire en une demi-journée à moins que vous ne soyez un ancien de l'équipe US Postal.

Le retour est presque aussi difficile que l'aller puisque nous n'avons que très peu gagné en altitude une fois arrivés à la frontière birmane. Ceux à qui il reste du temps et de l'énergie pourront, à partir de  Thong Pha Phum aller jusqu'à cet autre poste frontière que constitue le village de Pilok au bout de la route 3272. Pas plus qu'au col des 3 Pagodes, ils ne pourront passer en Birmanie mais ils auront droit à 2 jours AR de montagne thailandaise de toute beauté mais aussi de toute difficulté.

Il va sans dire que la N 323 à l'ouest de  Kanchanaburi, avec ou sans le crochet de Pilok, est réservée aux cyclotouristes bien motivés et entraînés sous peine qu'elle ne se transforme en "hell fire road" pour ceux qui s'aventurent à la légère.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



11/07/2013
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