JOURNAL DE BORD 2558 /2559 (2015/2016)
FAKE BOOK 2 OU LE JOURNAL DE BORD DE LA SAISON 2558 - 2559
Cette année le vrai-faux journal de bord prend la forme d'un mensuel.
DECEMBRE 2558 (2015)
sans commentaire
1er décembre et 1er tour du lac. Je n'ai pas le temps d'aller bien loin. Des Thailandais qui mettent des alevins à l'eau, ça porte bonheur parait-il, m'invitent à se joindre à eux. Je m'exécute, difficile de refuser.
Lors de mon 2ème tour du lac j'avise une petite tortue sur la route. Pour éviter qu'elle ne finisse dans une assiette, je la confie à un moine qui la met dans la marre d'un temple voisin. Ca te portera chance me dit-il dans son anglais approximatif. Je crois surtout que ça portera chance à la tortue.
Le plus souvent les poissons pris dans le lac sont vendus sur les marchés des environs mais ici une restauratrice traite directement avec le pêcheur
Je profite des panneaux pour apprendre à lire le thailandais qui est difficile pour nous car il n'y a pas toujours de correspondance directe entre les 2 alphabets.
Pour "BAN", qui signifie "village", pas de problème, aux 3 lettres thaï correspondent 3 lettres de notre alphabet. Pour le nom des villages c'est déjà un peu plus compliqué.
Les 3 lettres de "PIN" ne sont représentées que par 2 lettres thaï car le i est devenu accent sur le P et les 4 lettres de "PANG" par 3 lettres car le N est intégré au G. Une vraie partie de PIN-PANG. Et je ne parle pas des lettres qui peuvent se lire de droite à gauche alors qu'en général le thaï se lit de gauche à droite.
Le 11 décembre est organisée une randonnée en l'honneur du roi, le père de la nation thailandaise d'où l'appellation "bike for dad".
Nous sommes 3.000 selon les organisateurs, 5.000 selon la police. Peu importe, pour une petite ville de 20.000 habitants, cette randonnée montre l'engouement de la population locale pour le vélo même si beaucoup ne sont que des cyclistes d'un jour.
La saison sèche est propice à la récolte du manioc
Les ethnies minoritaires se sont réfugiées dans les montagnes. Difficile de dire d'en déterminer l'origine car elles ont souvent abandonné costume et habitat traditionnels. Ici entre Phayao et Lampang, il peut s'agir d'un village Hmong, ethnie minoritaire majoritaire dans la région.
Il n'y a pas que le lac de Phayao dans la région. C'est le plus grand il est vrai mais celui de Mae Tam, près de l'université n'est pas loin de rivaliser avec lui.
Le lac de Mae Na Rua est plus petit mais tout aussi joli ce qui lui vaudra de figurer sur le parcours de la Rando du Lac que nous organiserons le mois prochain avec le club cycliste de l'université.
JANVIER 2559
On parle de la grâce des danseuses thailandaises mais outre que cette jeune cycliste n'est pas danseuse il faudrait aussi mentionner l'harmonie qui se dégage de l'association entre lac et montagne.
Après la Rando du Lac, les cyclos français en ont profité pour visiter les temples de la région
ainsi que les nombreux lacs artificiels
ou les chutes d'eau
En cette fin janvier le temps a changé, le pays aussi puisque je suis au Laos. Il fait froid et humide, fait inhabituel autant que passager mais le passager que je suis sur le bateau reliant Chiang Kong à Luang Prabang est frigorifié alors que cette mini-croisière sur le Mékong est sensée être idyllique.
FEVRIER 2559
Au Laos on est dans un autre monde alors que le pays a beaucoup de points communs avec la Thailande, même langue ou presque, proximité géographique et culturelle mais un retard certain au plan développement. Avantage ou inconvénient ? Pour le cycliste que je suis l'état des routes est sans conteste un inconvénient.
Ces galettes à base d'algues s'apparentent à de l'art moderne.
Il n'y a pas qu'à Phayao qu'il y a de jolis couchers de soleil, à Luang Prabang également...
Tout le charme de Luang Prabang est là. Un reste de zeste de parfum colonial teinté du drapeau soviétique...
et d'un brin de néo-colonialisme.
Le charme de Luang Prabang tient en partie à sa situation géographique, bâtie sur une presqu'ile entre le Mékong et un affluent.
Taxi collectif près de Luang Prabang. C'est moins confortable que le métro parisien mais les passagers sont plus souriants.
En remontant vers le nord je suis rattrapé par un petit Breton et un grand Suisse
Dans le python tout est bon, au Laos du moins
Tout est bon aussi dans le cochon sauf qu'il n'y a guère plus à manger dans un cochon adulte du Laos que dans un python
Transport scolaire. Seuls les enfants des familles les moins pauvres peuvent aller à l'école à vélo. Les autres vont à pied ou ne sont pas scolarisés.
Heureusement qu'il y a un panneau pour nous indiquer que la cabane à côté est une école.
Les enfants de l'unique station service de Xongcha n'iront sans doute jamais à l'école. Je m'étais arrêté non pas pour les photographier mais parce que j'avais entendu ce que j'avais pris pour des chants traditionnels émanant de l'arrière boutique de ce modeste commerce. En réalité il s'agissait d'une cérémonie chaman à laquelle j'ai été invité à assister mais je n'ai pas eu la permission de prendre de photos.
Une sorte de sorcier en transe proférait des mélopées, rappelant celles des indiens d'Amérique, devant quelques villageois. Spectacle envoûtant que j'aurais pu regarder plus longtemps si je n'avais eu encore beaucoup de km à parcourir pour arriver à l'étape.
Au moment où je croise un collègue, il s'arrête, intrigué par mes sacoches me dit-il. Il s'agit d'un ressortissant de l'Azerbaïdjan, pays où les cyclistes sont rares.
Ce n'est pas en Thailande que l'on verrait des moines cyclistes !
Les ethnies minoritaires sont pauvres parmi les pauvres. Certaines continuent à se construire des maisons traditionnelles faute de pouvoir acheter tôles et parpaings. Ce n'est pas le touriste de passage qui s'en plaindra.
La population montagnarde utilise ce genre de greniers pour mettre les récoltes à l'abri des rongeurs.
Au pied des montagnes les rizières dessinent de jolis motifs au motif que les fonds de vallée ne sont pas plats.
Ces paysannes de retour de leur journée de travail n'hésitent pas à se mouiller les pieds alors qu'elles ont une passerelle juste en dessus.
La nationale 13 traverse le Laos de bout en bout, de la frontière chinoise à la frontière cambodgienne. Sa partie nord, depuis Ventiane est des plus montagneuses.
La nationale 13 a été construite par les Français, refaite par les Chinois et défaite régulièrement par les camions venus de Chine qui finissent parfois dans le fossé.
A voir l'état de ce camion on peut se demander quel était celui du conducteur après l'accident, tout ça pour alimenter en fruits le marché du grand frère chinois qui envahit le Laos de ses cultures industrielles.
Je quitte la nationale 13 à 19 km seulement de la Chine pour rejoindre la Thailande au poste frontière de Chiang Kong.
Comme le panneau stationnement interdit aux vaches, l'indique, me voici revenu en Thailande.
Ces tisserandes de l'ethnie Thaï Lu sont basées près de Chiang Kham au nord du district de Phayao.
De nombreux buffles trouvent leur vie autour du lac de Phayao et quand il s'agit de les déplacer ils doivent se tasser dans le camion comme les sardines dans leur boite.
Cette année le lac connait une sécheresse sans précédent, la faute à "el nino" parait-il
Malgré la sécheresse, il reste encore quelques rizières irriguées qui font le bonheur des cigognes sibériennes venues en vacances dans le coin. Avec la chaleur qui s'intensifie en cette fin février, elle vont bientôt repartir pour leur résidence principale, comme moi d'ailleurs.
MARS 2559
A l'université de Phayao, bien sûr, comme dans chaque université, ll y a un Bouddha alors qu'il n'y a pas de club cycliste dans chaque université en Thailande. Loin de là.
Comme chacun peut lire ou deviner, le panneau indique le point de rendez-vous du groupe informel des cyclistes de plus de 60 ans qui fait son tour du lac chaque soir.
Les sexagénaires sont censés rouler doucement (easy ride). En réalité la plupart des "sixties" sont plutôt "speed".
'Moi je prends mon temps' me dit cette tortue rencontrée au bord du chemin. Il faut dire qu'elle n'appartient pas encore au club des plus de soixante ans, âge qu'elle pourra atteindre si elle ne finit pas en soupe. Je l'ai mise dans les fourrés pour qu'elle évite de se faire prendre par des gens mal intentionnés sauf qu'elle ne restera probablement pas longtemps dans sa cachette.
Des pêcheurs s'évertuent à attraper les derniers poissons avant que la rivière ne soit complément à sec.
La roue tourne, le soleil passe derrière la montagne de Doï Luang à l'ouest du lac de Phayao, les moines rentrent dans leur temple et moi je rentre en France à la fin de cette première semaine de mars qui est aussi ma dernière semaine en Thailande pour cette saison cyclotouriste qui s'achève avec 8.500 km au compteur soit une distance journalière moyenne de 90 km.
KENAVO PHAYAO.........
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